Ce film ne contient pas de chinois avec des gants de boxe

My Dinner With André j'en ai entendu parler sûrement comme 90 % des Français via l'épisode de Community qui y fait référence. Pourtant le réalisateur était connu, gaulois et tout mais ce film, jamais entendu parler, j'ai appris ensuite qu'il l'avait réalisé durant un exil en Amérique et que c'était peut-être pour ça que pas mal de choses y faisaient référence dans la culture américaine et qu'en France il soit quasi inconnu au bataillon.

Dans l'idée de la plupart des gens, se taper un film de deux heures qui montre une conversation au restaurant entre deux hommes, ça peut paraître chiant mais ça m'intriguait. J'ai toujours bien aimé les histoires en huis clos et là j'ai été servi. Dès le début du film je savais qu'il me plairait beaucoup, je ne sais pas pourquoi, une intuition. Et à l'heure où j'écris tout ça il vient de se finir et la petite fenêtre VLC s'est remise au format avec la liste de lecture.

C'est un film extrêmement intéressant. La conversation tourne d'abord autour des expériences et des voyages d'André puis dérive sur une réflexion sur notre monde, notre mode de vie etc. Si le film date de 1981, les choses qui s'y disent, elles, n'ont pas vieilli d'un pouce et la conversation se laisse suivre sans lassitude tant les deux protagonistes ont des propos intéressants. Wallace est très terre à terre, aime les choses simples, André lui, est plus "mystique" ou lyrique, je ne saurais pas comment l'expliquer, et chacun expose son point de vue sur l'existence. C'est beau comme tout alors que rien ne se passe sinon comme rebondissements le changement des plats et quelques plans sur le serveur. On se surprend à penser en même temps qu'eux et là où c'est terriblement frustrant, c'est que du fait des plans rapprochés ou des gros plans qui font la totalité du film ou quasi, on est complètement dans leur discussion et on veut participer. Un film qui arrive à nous prendre aux tripes au point de vouloir nous adresser aux héros pour exposer notre point de vue et parler avec eux c'est quand même fort. Et ça ne tient à rien, il y a juste eux, l'ambiance calme d'un grand restaurant et les émotions passent simplement avec des intonations et des regards subtils. La fin du film sur je sais plus laquelle des gymnopédies mêlée à la voix off achève de nous faire atterrir en douceur et nous donne juste envie de le revoir jusqu'à ce qu'on arrive à pénétrer dans le film pour s'asseoir à leur table