"C'est pas le pays qui est trop petit, c'est le coeur"
Nabil Ayouch pour moi c'était d'abord le réalisateur d'une délicieuse pâtisserie orientale qui avait pour nom Whatever Lola wants : danse, charme et légèreté, comment aurais-je pu imaginer qu'il 'était aussi l'auteur d'un documentaire traitant du conflit de la Palestine de façon intime et universelle?
Un projet entamé en 2003 qui s'est concrétisé il y a deux ans quand il a donné la parole à de vieux réfugiés palestiniens filmés dans les camps libanais, leur unique et sinistre horizon depuis des décennies.
Né lui-même d'un père marocain musulman et d'une mère juive d'origine tunisienne, il a connu les tensions et les conflits au sein de sa famille, s'est senti jugé voire stigmatisé comme "le fils de la juive", une richesse culturelle assumée pourtant, puisée dans deux mondes, deux univers, deux héritages qui ne laissait de l'interpeller depuis toujours.
Ce film qui lui tenait particulièrement à coeur reste toutefois ouvert sur le monde, évoquant sans pathos mais avec émotion au travers des propos recueillis, ce Paradis perdu qui avait pour nom Palestine, un éden planté d'oliviers, de figuiers, symbole d'une douceur de vivre que ces vieillards chassés de leur terre ne connaîtront plus, mais vivace à jamais dans des souvenirs qu'ils égrènent, retrouvant pour en parler la vigueur de leurs jeunes années .
Faire entendre cette parole à de jeunes Israéliens forts de leur bon droit mais parfaitement ignorants de l'Histoire de leur pays, leur ouvrir les yeux sur la détresse d'une génération sacrifiée et spoliée de ses biens, c'est ce qu'a voulu montrer le cinéaste, faisant dialoguer à distance ces Anciens et cette force vive israélienne : la démarche sincère et courageuse, très émouvante aussi d'un homme, qui ayant cohabité dans une famille à la fois arabe, musulmane et juive penche, on l'aura compris, pour la cohabitation de ces deux peuples, qu'il appelle de tous ses voeux.
Et comme le reconnaît et le dit une jeune Israélienne, "c'est pas le pays qui est trop petit, c'est le coeur".