Voilà à quoi il sert de faire des enfants
Après avoir découvert le surprenant "Maladolescenza", j'ai appris qu'un film sur Eva Ionesca était sorti ; j'ai eu l'envie de voir ce film retraçant l'enfance difficile de cette actrice. Puis j'ai vu la date de production, l'affiche, le casting et tout de suite mon envie a baissé.
Le film reste regardable. L'auteure, qui n'est autre que Eva elle-même, accumule les scènes fortes. malheureusement ça manque de liant, c'en devient très vite décousu et sans grand intérêt au-delà de ces moments spectaculaires. Certes, elle évite la plupart du temps le misérabilisme que l'on pouvait craindre, mais elle échoue également à offrir quelque chose d'intime, comme si elle était étrangère à cette histoire, ou plutôt comme si elle n'avait pas eu le recul nécessaire. Les moments où la mère photographie la petite semblent à chaque fois improvisés, sortis de nulle part. Les relations entre personnages sont quasi inexistantes (par exemple il aurait été sympa de développer la relation entre la petite fille et sa grand mère) ; les personnages eux-mêmes s'avèrent trop peu creusés. Aussi, si j'ai trouvé que le film comportait beaucoup de scènes fortes, j'avais aussi l'impression que ce n'était jamais assez (surtout quand on s'est un peu renseigné sur l'histoire vraie, il y avait vraiment de quoi aller plus loin dans le sujet), que l'auteure n'exploitait rien des idées lancées.
La mise en scène est typique des productions françaises à l'américaine. Des filtres à gogo et un sens de l'esthétisme sans personnalité, avec la petite caméra qui tremblotte un peu dès que l'on flirte avec le drame. Les acteurs sont peu convaincants : Huppert ne semble pas à sa place (on ne voit que Huppert d'ailleurs, et pas le personnage souhaité) ; Anamaria Vartolomei a beau être à l'aise en sous-vêtements, elle ne sait pas jouer du tout. Les décors sont corrects, les costumes parfois too much ; je ne pense pas que ce soit la faute aux décors et costumes en soi, juste que l'auteur ne parvient pas à rendre compte du décalage entre ces artistes excentriques et les gens de la vie réelle.
Bref, "My little Princess" enchaîne les idées fortes sans jamais en faire quoi que ce soit ; il en ressort un film plat, superficiel là où l'on aurait pu avoir quelque chose de fort.