D’inspiration autobiographique (la réalisatrice, née en Lettonie, a suivi, à l’âge de 5 ans, ses parents dans l’île de Sakhaline, en Extrême-Orient russe, où ils avaient trouvé du travail, avant de revenir en Lettonie puis à Moscou et a eu 2 maris, l’un russe, l’autre suédois), le film raconte (en anglais) l’éducation sentimentale et sexuelle (de 7 à 29 ans) de Zelma Liepa, formatée par son éducation parentale (à l’occasion de ses règles), scolaire (une fille doit être jolie, attirante et être vierge à son mariage) et la pression sociétale sur ce que doit faire une jeune femme pour attirer un mari, l’épouser, le nourrir, faire des enfants et les aimer à défaut d’aimer le mari. La vision du couple est assez pessimiste et lorgne du côté d’Ingmar Bergman (1918-2007) mais en beaucoup plus drôle ! Outre le déterminisme sociétal, les facteurs physiologiques (hormonaux et neurologiques) du comportement amoureux sont exposés de façon très pédagogique, à la manière du neurobiologiste Henri Laborit (1914-1955) dans « Mon oncle d’Amérique » (1980) d’Alain Resnais. Outre le fond, la forme est originale, mêlant 3D et 2D et l’intervention de 3 sirènes mythologiques (celles d’Ulysse, mi- femme, mi- oiseau, et non celle de Hans Christian Andersen) qui conseillent Zelma en chansons réussies (écrites par la réalisatrice, sur une musique de l’Italien Kristian SENSINI et qui avait travaillé sur son 1er long métrage). C’est aussi un film politique avec une vision critique sur l’Union Soviétique (l’hymne national est utilisé avec ironie pour certaines scènes) et sa chute en 1989 (appropriation des biens publics, culte de l’argent facile et domination des femmes). Le film mérite ses nombreuses récompenses internationales [festivals d’Annecy, de Viborg (Danemark), de Tryon (Etats-Unis), de Riga (Lettonie), de Bucheon (Corée du sud) et de Fredrikstad (Norvège)].