Qu’est-ce que My Movie Project ? Une sorte de Gloubiboulga de la maladie, un peu du cancer par ici, un peu de la malaria par là, le tout saupoudré du sida, bref vous l’aurez compris, c’est une MCMI (Maladie Cinématographique Malheureusement Identifiée). Pour être plus précis, c’est un film à sketch. Si vous ne savez pas ce que c’est, ce sont simplement des films composés de plusieurs histoires indépendantes les unes des autres (en théorie du moins). Les définitions varient selon les personnes, mais le principal à savoir, c’est ça. Par exemple, Les Infidèles était un film à sketch, Groom Service aussi. Le film a la particularité de rassembler un casting imposant de célébrités, comme souvent pour les films de ce genre, rien qu’à voir Extreme Movie. Même si l’humour n’est pas un impératif, c’est bien souvent une facilité et une excuse pour pouvoir attirer plus de monde. Ce n’est pas non plus un film choral puisque les destins des personnages ne s’entrecroisent pas.
Pourquoi tant de haine envers ce film ? À vrai dire, parler de haine n’est pas appropriée, il faudrait, pour être plus juste, parler de rancœur. Tout le monde sait que les américains ont un humour parfois assez pathétique. L’existence des teenage movie en est la preuve. Cependant, dans un teenage movie, le héros est souvent un ado, précisément parce que le film est destiné aux ados. Et voir Ryan Reynolds draguer de la minette dans Van Wilder c’est toujours agréable quand on est ado. Tout autant que voir Jason Biggs se taper la honte sur une vidéo qui avait pour vocation d’être pornographique. Sauf que voilà que l’humour adolescent, voire préadolescent, se met à vouloir faire rire les adultes. Et là ça ne fonctionne pas. Dois-je vraiment détailler qu’un homme qui mange mexicain pour pouvoir chier une montagne de merde sur sa copine pour rester avec elle ne me fera absolument pas rire ? Voilà pourquoi on peut en vouloir à ce film après en avoir subit la séance. T’as de la chance Chris Pratt, t’as su rebondir avec brio… Et ce n’est qu’une pelleté de ce genre de sketch pipi caca (littéralement).
Non, ce qui est désolant c’est: comment toutes les célébrités présentes dans cette chose ont fini par y être ? Non mais sérieusement, Sean William Scott ou Anna Faris encore on a l’habitude… Ils n’ont plus rien à prouver. Christopher Minds-Platz à la limite ainsi que Chloé Grace-Moretz parce qu’elle est jeune, elle a le droit à l’erreur (je les classe pas ensemble à cause de leur nom à rallonge, non non) ou même Justin Long qui n’en était pas à son premier coup d’éclat dans le domaine. Mais les autres (oui je vais tous les citer je m’en bats les couilles) Hugh Jackman, Chris Pratt, Halle Berry, Kate Winslett (bon admettons, déjà à cette époque elle était sur la pente descendante même si là c’est hardcore), Naomie Watts, Kieran Culkin (lui il était hors de question que je le rate ! Tout le monde adore Scott Pilgrim fallait que je l’affiche), Emma Stone, Gerard Bulter et encore bien d’autres connus du monde de la série. Même s’ils n’avaient pas connaissance du sketch des autres, il est inconcevable qu’à aucun moment ils ne se soient pas dit que ça pouvait être déplorable. Le seul que l’on peut pardonner serait Richard Gere qui avait probablement l’unique sketch intéressant et bien développé sans un excès de scatophilie et qui plus est, avec, de souvenir, la seule critique de la misogynie.
Mais le plus triste n’est pas ça. En réalité le but de ces sketchs est tout à fait honorable. Celui sur les couilles au menton cherche à dénoncer la moquerie envers les gens différents physiquement voire handicapés. Chaque sketch à pour but de dénoncer un abus, une injustice ou tout un tas de choses de ce genre. Le film en réalité cherche à faire réfléchir, et vu qu’un film d’auteur ou un documentaire n’ont qu’assez peu de succès auprès du public, le choix s’est porté sur l’humour. Par ailleurs les films trop complexes ou trop noirs n’ont pas non plus le même impact. Si le film provoque des sensations trop vives chez le spectateur, ce dernier ne comprendra le message qu’après revisionnage car les émotions l’auront empêché de tout assimiler du premier coup. Le problème majeur n’est même pas l’humour. Dire qu’il ne faut pas juger les gens ou les critiquer sur leurs choix ou ce qu’ils aiment à travers la scatophilie était presqu’une bonne idée. En dehors du fait qu’on pourrait interpréter la chose de manière tout à fait inverse « vous avez des goûts et des délires de merde », ça avait l’avantage d’être extrêmement imagé. Mais malgré tout l’humour est trop pauvre, trop bas de gamme, trop faible pour y éprouver un intérêt. Il n'évoque que le désarroi et le désespoir. Non seulement on manque à chaque sketch de comprendre le message de travers (j'irais même jusqu'à avancer qu'on le comprend un peu comme on veut, comme souvent avec les sujets soit-disant subversifs) mais en plus on se sent littéralement provoqué, irrespecté par ce que l'on regarde. Là encore, le film dénonce également la nécessité de devoir se rabaisser au spectateur pour qu’il comprenne ne serait-ce qu’une infime partie de ce qu’il voit. C’est très insultant, mais on peut difficilement leur donner tort puisque ce serait renier l’existence même de ce film. Et pourtant c’est quand même chié avec les pieds (ce qui pourrait être une forme de performance si ce n’était pas complètement incommode). Hormis un ou deux sketch vraiment intéressant (ainsi que les fausses pub il faut bien l'avouer), le reste est exclusivement orienté urophilie (j’avais dis pipi et caca) ou délire du genre, ce qui rend tout de même la critique sociétale assez bas de gamme. On ne comprend pas vraiment la nécessité d’avoir des stars, si ce n’est de se dire qu’absolument tout le monde est concerné, mais ça reste moyen comme excuse. Et puis tout simplement les histoires ne sont pas du tout abouties. Quand bien même l’idée de base est intéressante, non seulement le développement s’oriente dans la direction la plus absurdement idiote qui soit, et en plus ça n’est pas percutant, ça n’oblige ni même invite le spectateur à prendre conscience de ce qu’il voit. Le film admet que ce dernier n’est pas assez intelligent pour qu’on lui explique les choses avec panache, mais on se rabaisse tellement à une explication vaseuse et puérile que cela n’appelle pas à la réflexion. Au lieu de s’abaisser à l’humour pour mieux développer le message, ils en ont juste profiter pour s’amuser, et encore j’en suis même pas sûr.
Et quand bien même, vous vous voyez en société dire « Mais si enfin, les couilles au menton, ça évoque toute la force d’une personne qui vit en étant différente et qui fait comme si sa différence, qui se voit comme le nez au milieu de la figure au demeurant, était en réalité invisible. Mais bien sûr voyons Francis-Albert, ça coule de source ! ». On est bien d’accord qu’il est préférable de fermer sa gueule en pareille circonstance… Et le pire, c'est que vous avez juste à dire "Hugh Jackman avec des couilles au menton" et vous avez tous vos amis qui ne désirent plus qu'une chose, c'est de voir ce film... Mais merde quoi.