David Gulpilil était le plus célèbres des acteurs aborigènes. Il est mort le 29 novembre 2021 à Murray Bridge en Australie, là où il vivait depuis quelques années. Repéré à la fin des années 60, alors qu’il n’est qu’un adolescent, cet homme qui a vécu dans le Bush australien, va connaître un certain succès dans les années durant près de 50 ans avec une filmographie qui s’étale entre 1971 et 2017, année où il apprend qu’il est atteint d’un cancer du poumon et qui lui reste peu de temps à vivre. L’acteur souhaite être au cœur d’un dernier film qui sera le film de sa vie.
Finalement c’est la réalisatrice Molly Reynolds qui va s’occuper de réaliser ce film documentaire à dans laquelle David Gulpilil va raconter lui-même son existence, parlant directement à la caméra. Durant plusieurs années, la réalisatrice viendra à plusieurs reprises tourner chez lui, dans sa maison où il vit en compagnie de Mary, son infirmière dévouée.
Entrecoupé d’images d’archives, d’extraits de films, le documentaire produit par le réalisateur australien Rolf de Heer – ami de David Gulpilil avec qui il tournera plusieurs films – dresse le portrait d’un homme et d’un acteur pas comme les autres, révélé avec le film de Nicolas Roeg, Walkabout (La Randonnée), sorti en 1971 mais également au yeux du grand public avec Crocodile Dundee, gros succès au box-office en 1986. En 2014, il joue dans Charlie’s Country, film présenté en compétition officielle à Cannes, dans la sélection Un certain regard, pour lequel il remportera le prix du meilleur acteur.
Tout au long de ce documentaire tourné dans des conditions particulières on imagine, avec notamment l’arrivée du Covid en 2020, on découvre un homme extrêmement fatigué et qui fur, pourtant à une certaine époque, un chasseur habile, un danseur, d’une grande agilité mais que l’alcool, le tabac et la Ganja consommés avec excès ont sans doute contribué à affaiblir au fil du temps. Un homme qui a connu une existence incroyable, faite de voyage à travers le monde, de rencontres diverses : La Reine d’Angleterre avec qui il partagé un repas assez insolite, mais aussi John Lennon, Bob Marley ou Jimi Hendrix et bien sûr les plus grands acteurs de la planète. Un homme, qui, sur ses dernières années de vie s’est mis à la peinture – on peut d’ailleurs voir quelques très belles toiles réalisées par l’artiste durant certains passages du film.
Un film par moment assez drôle mais également émouvant notamment quand ses proches lui rendent visite et qu’il sait que la fin est proche pour lui, ou bien quand il évoque ses années de galère, sa dépression, alors en prise à divers addictions qui lui vaudront diverses peines et amendes dont une condamnation à un an de prison.
Malgré quelques anecdotes racontées par David Gulpilil, dommage que le film – à cause de son partis-pris formel – ne soit pas plus riche en informations, notamment sur la jeunesse de ce garçon, sur son rapport au monde du cinéma, sur les nombreuses rencontres faites au cours de sa carrière ou sur son implication politique pour la reconnaissance des droits des aborigènes. Mais on imagine que l’homme trop fatigué et en fin de vie n’avait vraiment plus la force pour parler durant des heurs de sa vie pourtant bien riche et passionnante.