Le plus grand Gus Van Sant.

Protéiforme. Tel est l'adjectif qu'on pourrait coller sans problème sur ce film. Puisqu'il est sans conteste (et je n'accepterai aucune contestation, sous peine de vous voir recevoir un colis piégé dans l'heure qui suit) le meilleur film de Gus Van Sant. Et qu'il est certainement mon film préféré.
A chaque fois c'est pareil, toujours cette alchimie indicible entre Keanu Reaves et Phoenix, tous les genres sont mêlés : du road movie à la romance, de la mythologie adolescente à l'univers de la mort, l'humour et l'amitié, avec cette oeuvre hybride Gus Van Sant signe son chef-d'oeuvre.
La direction du film reste floue, on pourrait croire qu'elle est brouillonne par moment, dépouillée d'artifices (il se rattrapera plus tard), touchante par sa fausse légèreté et son humour détonant. La scène où River déclare son amour au bord du feu est d'anthologie.
Les thèmes chers au réalisateur sont présents : l'homosexualité, la fuite, la poésie, les tourments, les paysages désolés, l'adolescence, la prostitution, l'importance de l'inconscient. On ajoute à ces ingrédients la touche "narcoleptique" du personnage principal pour nous le rendre d'autant plus touchant.
Avis aux amateurs, il se rapproche de chef-d'oeuvres tel que Arizona Dream ou de l'univers de Larry Clark. Ce film fait du bien.