"Je pourrais mourir à cet instant!"

Quelle étrange impression quand les lumières de la salle de cinéma se rallument. La foule agitée à du mal à se mouvoir, on est tous stupéfait par ce qu'on vient de vivre, si l'on tend l'oreille on peut entendre différentes réactions; des plus violentes ("Grosse arnaque !") aux plus euphoriques ("IN-CRO-YABLE"), ce film provoque des sensations fortes, tranchées, dans la grande tradition des Lars Von Trier, on sort du cinéma avec la boule au ventre, plein de questionnement et d'incompréhension.

Kirsten Dunst épate en mariée neurasthénique, incapable de prendre sa place dans le monde, éternelle adolescente mélancolique, enfantine et maladivement dépressive, elle ne pourra être sauvée uniquement dans la perspective d'une mort doucereuse, caressée par le choc d'une sublime planète avec qui elle ne fait qu'une quand la nuit tombe.
Charlotte Gainsbourg irradie en grande soeur protectrice, incarnation de la raison et de la réussite sociale, elle tente de protéger sa benjamine de soeur d'elle même, du mal, de la boue dans laquelle elle est empêtrée et qui l'empêche de bouger. Ses performances sont toujours un bonheur, et l'on peut souligner sa profondeur et sa justesse lorsqu'il s'agit de jouer l'angoisse ou la panique.
Incroyable réalisateur que ce Lars Von Trier, qui va peindre le changement progressif des rôles entre les deux soeurs notamment à cause de cette idée insupportable d'une fin des temps. De quelle façon celle qui était la plus raisonnable perdra pied et se fera diriger par ses peurs alors que celle qui était la plus faible mentalement, assumera le désarroi dans sa totalité jusqu'à ne plus rien regretter de sa vie et du monde.

Photographie parfaite, le final le plus époustouflant du cinéma, les acteurs géniaux, le Wagner fabuleux. Les critiques ont toutes déjà été faites. C'est un film cathartique, où l'on s'oublie réellement.
Avec "Dogville" certainement le plus grand film du réalisateur Danois.