Une fois la guerre d’indépendance terminée, le soldat Baran est renvoyé à son foyer où une seconde épreuve l’y attend de pied ferme, sa mère. Désireuse de marier son fils à tout prix, cette dernière va organiser de nombreuses rencontres avec les filles du village. Excédé, Baran s’échappe et accepte un poste de commissaire de police dans un petit village isolé au nord de son pays, le Kurdistan. Il y fait la connaissance de Govend, l’institutrice. Éduquée, urbaine, belle et célibataire, la jeune femme a malheureusement tout le plus grand mal à s’imposer car la vie des habitants est régie par les traditions patriarcales. Baran et Govend vont rapidement se lier d’amitié et trouver un ennemi commun en la personne d’Aziz Aga, chef mafieux contrôlant la région.


On est loin des grandes plaines de l’Ouest sauvage américain, mais que l’on ne s’y trompe pas, My Sweet Pepper Land est un pur Western. Tourné dans les montagnes du Kurdistan irakien, le dernier film en date de Hiner Saleem n’a pas à rougir face aux grands classiques du genre du cinéma américain. Le réalisateur s’approprie les codes du genre, quitte à les tourner en ridicule, comme ces photographies des différents shérifs qui, prises par un photographe terriblement mauvais, se transforment en une série de portraits burlesques.


Hiner Saleem met en scène une incroyable collision entre modernité et tradition séculaire. De ce choc nait justice, amour et progrès.


Beauté triste, regard empreint d’une profonde nostalgie malgré sa jeunesse, le personnage de Govend crève l’écran. Interprétée par l’actrice iranienne Golshifteh Farahani, Govend est la clef de voûte de l’œuvre. Cette figure iconoclastique, en endossant le rôle de l’institutrice, est motrice du progrès tant redouté par Aziz Aga et ses hommes de mains, bandits hirsutes dépositaires d’une autorité acquise par la violence et l’ignorance.


My Sweet Pepper Land est un film envoûtant, à l’image de ces sublimes scènes où Govend joue du hang, un instrument de musique appartenant aux percussions. Le cinéma en état de grâce.

Vincent-Ruozzi
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le 4 mai 2017

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