"Farewell the tranquil mind, farewell content."
Il est généralement connu que le tournage du Prince et la Danseuse fut difficile. Laurence Olivier tyrannique, sévère, Marilyn Monroe qui fait sa diva, arrive en retard, met à cran l'équipe entière.
Porté à l'écran, doublé d'une succincte analyse du mal-être de la star internationale, l'histoire aurait pu amener un film de très bonne qualité, un rafleur d'oscars. Le résultat est cependant assez loin des espérances premières.
Le début du film est laborieux ; réalisation tape-à-l'oeil, avec de nombreux effets de couleurs, et un montage équivoque – ce qui mène inéluctablement à la pénible sensation d'être pris pour un faible d'esprit, comme si on chuchotait à notre oreille « Tu vois comme elle est triste Marilyn ? Elle a l'air joyeuse comme ça, mais tu vois ses larmes dans sa loge ? ». La tentative, bien que louable, n'est pas effective du tout. Au lieu de saisir la douleur de la star, on ne voit que la fureur des autres face à ses manières, et leur exaspération devient la notre.
En outre, le personnage d'Eddie Redmayne exploite de (trop) nombreuses facilités. Il est toujours la au bon moment, et l'intrigue n'avance que parce qu'il écoute aux portes. Durant les premières 30 minutes du film, au moins 15 scènes ont du montrer Colin Clark caché derrière une porte ou un mur. Mais son charme sauve (un peu) son rôle du ridicule (laissez parler la groupie qui est en moi s'il vous plait). Il est heureusement assez juste, même si son rôle se borne à jouer l'admiration puis la surprise lorsque Marilyn s'intéresse à lui.
Michelle Williams, si elle ne ressemble pas vraiment à Marilyn (qui pourrait?), réussit à interpréter ses minauderies avec un mimétisme louable ; dans une scène particulièrement, face à des fans, elle susurre « Je vais jouer mon rôle, regarde ! », puis prend la pose. Les gestes sont les mêmes, l'expression semblable en tout point – la séductrice renaît en Michelle. Son interprétation de la Marilyn faible et fragile est cependant bien moins impressionnante. Colin est le seul à la comprendre, à voir ses faiblesses. Tout cela, illustré par un passage où caché derrière l'embrasure d'une porte (pour la énième fois) il la découvre en pleine nuit, nue sous une couverture, en pleurs, accroupie dans un coin de sa chambre. Cliché, presque ridicule. Le mélange sexyness/weakness est maladroit et les traits forcés.
Cependant, les seconds rôles sont très bons. Le personnage joué par Kenneth Branagh, bien que superficiel au début, gagne en profondeur au cours du film ; le personnage de Vivien Leigh dégage de l'élégance et une classe folle, et Judi Dench incarne une Sybil Thorndike compréhensive et généreuse, en un mot : royale. Ces seconds rôles, s'ils donnent corps à l'ambiance caractéristique du plateau, gagneraient à être plus présents à l'écran. L'intrigue principale – l'idylle entre la star et le jeune premier – sonne un peu faux et se perd dans un romantisme très cliché.
Ainsi le film, s'il est un divertissement rythmé et plaisant, fait la part belle aux dialogues et aux jolies phrases, et ce au détriment de l'histoire. L'intrigue est assez plate et vide, comblée par de bons sentiments et de jolies images de Marilyn, destinées à devenir des fonds d'écran à l'usage des fans. L'oeuvre en elle même, cependant, ne marquera en rien le cinéma de cette année.