Héhé, je n'avais jamais lu les BD de Wonder Woman. Maintenant que je vois comment c'était, comment le personnage a été conçu, je peux comprendre que certaines personnes soient offusquées par la récente adaptation qui ne relève en rien tout cela.
Si l'on veut voir un film sur Wonder Woman qui est féministe, c'est celui-ci qu'il faut regarder. M'enfin, le réduire à un film féministe serait réducteur, un peu comme beaucoup d'accusations de sexisme quand le problème est plus vaste ; c'est-à-dire que le film traite avant tout d'humanité et de respect ; le féminisme en fait donc partie et n'est pas le centre du film. On parle aussi de sexualité, de liberté. De l'hypocrisie humaine. En soi, le message me plaît bien. Malheureusement, cela ne suffit pas pour faire un bon film.
Le scénario ne m'a pas vraiment convaincu. On trouve quelques chouettes scènes, dont la scène de la fessée, quelques autres de bondage, mais le tout est assez plat au final. Entre cet interrogatoire qu'on suit de très loin et qui pose donc de faux enjeux, et l'histoire un peu décousue dont il est difficile de se prendre à cause d'un ennemi toujours invisible. Du coup, tous les conflits présents dans le scénario ne sont jamais bouleversants pour le spectateur ; c'est plus factuel qu'autre chose. Les personnages sont intéressants, mais on en a vite fait le tour et la caractérisation s'avère au final assez pauvrement développée, pauvrement exploitée.
La mise en scène est proprette, typique de l'époque. Cette image lisse que l'on retrouve même dans les Woody Allen de ces dernières années ne m'intéresse pas tellement : c'est du filtre numérique à gogo, de l'étalonnage fastoche. Pour une histoire pareille, en plus ça aurait pu être vachement plus sale. Il aurait fallu ressusciter Aldrich pour le faire réaliser ce film mais comme il est mort sans qu'on s'y attende. Ceci étant dit, ça reste maîtrisé, le découpage est efficace, le montage rythmé, les plans soigneusement construits. Les acteurs ne sont pas mauvais mais ils n'arrivent pas non plus à créer une étincelle, à apporter un plus à leur personnage ; ils auraient tous pu être remplacés par quelqu'un d'autre sans que ça ne change rien.
Bref, c'est décevant, ça aurait pu être vraiment bien. Je ne suis pas sûr qu'on puisse parler de courage tant ce film s'inscrit logiquement dans l'actualité (encore que le bondage n'est pas encore vraiment accepté, du moins pas en en parlant tout haut, même si le SM de ce film s'apparente plus à du "50 Shades of Grey" qu'à la vraie pratique sexuelle), mais ça reste un p'tit truc curieux, qui parle un peu de notre époque mais sans trop prendre de risque.