N.W.A - Straight Outta Compton par Funky_Child

Film très attendu par les fans de hip hop (et les déçus de Notorious ... ou du film de Vanilla Ice), Straight Outta Compton vient compléter la petite liste des biopic consacrés au rap américain. Le matériel de base, N.W.A, un groupe qui a révolutionné son époque à la fin des années 80, s'y attelait parfaitement et au final on ne peut cacher sa satisfaction à la sortie de la salle ... même si tout ne fût pas parfait.

Comme l'as dit le réalisateur F. Gary Gray "on pourrait faire 5 films différents sur NWA, j'ai choisi celui-ci" : comprenez Dr Dre et Ice Cube ont imposé celui-ci. Les producteurs et ex-membres du groupe couvrent leurs arrières et donnent au film un coté presque révisionniste par instants. On doutera de la véracité de certaines scènes, notamment les faits et gestes de Dre ou le coté lisse donné à Eazy-E, la chronologie de certaines sessions studios ... Tout n'est pas véridique et plus gênant que les omissions qui étaient elles inévitables (le film dure déjà 2h30). Donc pas de Arabian Prince, le rôle de The DOC jamais expliqué, MC Ren sous exploité .... on a connu plus grave.

Mais parlons des points positifs ! La première moitié du film est très bien menée, rythmée, les personnages bien présentés, beaucoup d'humour, la Californie des années 80 très fidèle au niveau de l'image, les petits clins d'œil aux fans sont savoureux ... on prend beaucoup de plaisir à voir le groupe se former et partager ensemble leur premières sessions d'enregistrements et premier concerts, ce qui nous amène à la star du film : LA MUSIQUE ! Se réécouter ces classiques au cinéma avec un gros son et une salle de fans, quel plaisir ! Certaines tracks sont jouées à plusieurs reprises sans nous lasser pour autant, plus de 25 ans après la puissance de ces morceaux est restée intacte. Surtout que sans spoiler, d'autres morceaux rap nous rappellent de bons souvenirs au fil du film, et on est gâté niveau funk aussi avec Parliament ou encore Zapp & Roger.

On est pas en reste du coté du casting, puisque pratiquement toutes les interprétations sont réussies. Le fiston de Cube était un choix parfait, l'acteur incarnant Dre, malgré une ressemblance peu frappante se rattrape sur la voix et le comportement, Paul Giamatti est comme à son habitude excellent dans le rôle de Jerry Heller et Suge Knight est ... effrayant (on voit des trucs ... et on se dit que le film aurait pu aller encore plus loin, ce sera pour le film sur Death Row). Autre bon point, l'évolution des personnages à travers le temps, que ce soit au niveau des looks mais aussi du caractère, le film arrive assez bien à retranscrire les effets des amitiés brisées et des changements de train de vie sur les protagonistes. Le réal pour sa part fait le boulot, nous gratifiant par moment de travelings assez sympas, mais abusant des close-ups. Les scènes au ralenti cliché à mort sont aussi présentes, mais ça on s'en doutait.

Très tentant de spoiler mais je résiste, allé une petite juste pour donner envie de voir le film : la scène où Ice Cube rappe No Vaseline avec la réaction des autres membres : magique ! ça rattrape un peu le fait d'avoir totalement zappé les diss tracks de Dre et Eazy-E (snif).

Le film pioche un peu plus dans sa dernière partie, essayant de ratisser large et versant dans le drame, les 2h30 se font sentir, mais cela n'altère pas trop le constat final. Le film a ses défauts, qui ne gêneront aucunement les novices, mais on ne peut pas bouder son plaisir : si on baigne dans le rap depuis tout petit, il y a un coté nostalgique assez touchant, et je pense que même une personne sans attache au sujet peut s'y retrouver, rien qu'avec l'aspect culturel et sa pertinence avec la triste actualité aux Etats-Unis.

Bref on passe un bon moment, et on espère que les futurs hip hop biopics seront au moins du même acabit. Good job.