Alors que Mike Leigh n'était pour moi que le père de Be Happy et Another Year, films que j'avais beaucoup appréciés, notamment par leur humour et leur fraîcheur, qu'elle ne fut pas ma surprise de découvrir Naked, en tous points l'inverse. Et de me rendre compte par la même occasion que ce brave Leigh n'était pas qu'un réalisateur anglais rigolo aux dialogues géniaux.

Naked peut être vu comme une énorme métaphore, tant son scénario manque très souvent de réalisme, tout en s'y plongeant allègrement de façon déroutante. S'ouvrant sur une scène de viol (youhou !) puis de fuite effrenée, il capte l'attention avec une grande habileté et dévoile son personnage principal de façon fort abrupte. Par le suite, la réalisation de Leigh (primée au festoche à la palme de façon tout à fait justifiée) vient nourrir la profondeur de son propos avec une maîtrise proche de l'excellence. Appuyée par une lumière remarquable (sombre, crade, fantômatique), cette mise en scène au départ dérangeante devient le personnage central du métrage.
Au côté, bien sûr, d'un David Thewlis exceptionnel, habitant le rôle de Johnny et habité par les démons de ce dernier. Sorte d'ange déchu trimballant sa carcasse en plein Londres, il est à la fois philosophe, clochard, violeur, voyeur et d'une sensibilité extrême. Le type même de personnage que l'on déteste tout en ne pouvant s'empêcher de l'apprécier. D'une lucidité à toute épreuve, Johnny est littéralement un semeur de trouble. Son franc parler et son pessimisme vont petit à petit s'insinuer de façon contagieuse chez les êtres qu'il rencontre et qui sont eux-mêmes très souvent en proie à une grande tristesse/solitude/détresse (rayer la mention inutile).

En parallèle de errances de Johnny, le spectateur devra croiser le chemin de Jeremy, personnage sadique et violent, que l'on rapprochera imanquablement du personnage de Johnny, tant il représente le parfait contrepoint, le revers de la même pièce. L'un incapable de se taire et de rester immobile, l'autre avare de mot et parasite dégueulasse. Le film ne Mike Leigh n'aura alors qu'un but : que ces deux là se rencontrent.

Le casting est renforcé par tout un tas de seconds rôles efficaces, avec en tête le duo de femmes dont l'appartement londonien deviendra le théâtre de scènes tour à tour atroces et cocasses. En effet, Louise et Sophie, là encore, deux femmes diamétralement opposées et pourtant attirée par le même homme, viennent ajouter un peu d'humanité et de réalisme dans cet incroyable métrage.

Naked met effectivement à nu tous ses personnages. Il les malmène et les promène, dépeignant une humanité privée d'espoir mais parvenant toujours à s'en sortir, même si elle choisit souvent de le faire par la fuite...

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le 2 mars 2014

Critique lue 873 fois

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Before-Sunrise

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