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juin 2011:

Je ne connais pas très bien la filmographie de Kôji Wakamatsu, en tout cas pas suffisamment pour savoir quelle part le film de yakuza y prend. C'est donc pour ma part une très agréable découverte. J'aime beaucoup l'univers torturé et glauque du cinéaste et il me semble qu'il se marie à merveille au polar noir.

De plus, on comprend que les influences du cinéma français, notamment la nouvelle vague et le cinéma spécifiquement melvillien également sont très présents. Elles donnent au film une teinte jazzy désenchantée et très rude à la fois. Une sorte de naturalisme se télescope à une dramaturgie propre au genre où la violence et le sexe jouent un rôle d'épices esthétiques, relevant le style, lui donnant son relief, des pigmentations très importantes qui enjolivent une histoire de double ou triple jeu, de trahisons, d'interdépendances entre personnages qui n'est pas extrêmement originale.

On sent que Wakamastu manie les éléments du genre et entend essentiellement manipuler cette histoire afin de la tordre à son souci esthétique et sans doute aussi moral car le film trimballe son lot de personnages tous plus dégueulasses les uns que les autres.
Une once d'humanité, de sincérité, peut-être même un amour véritable pourrait naitre de cette fange? La séquence -très tanakienne dans son utilisation de la couleur- où l'héroïne fait l'amour (en bleu) et entend soudain son amant lui demander où elle a planqué la dope, passant brutalement au noir et blanc illustre parfaitement ces multiples fractures que les individus s'infligent à cause d'un système social et économique où l'humain n'a que peu de place. La jungle des yakuzas fabrique la sauvagerie des hommes.

Wakamatsu emprunte enfin certains cadrages au western de Sergio Leone ou de Sam Peckimpah. Par bien des aspects, il essaie sans doute de faire le parallèle entre la mythologie eschatologique du far-west et ce Japon modernisé, occidentalisé jusque dans les excès. Il y a effectivement dans la séquence finale une image de fin du monde : tous ces gens qui s'entretuent dans un cimetière au fin fond du Japon traditionnel, le Japon de l'envers, près d'un village thermal, au flanc d'une montagne, dans une forêt isolante. Fin de l'histoire ou fin de l'Histoire?
Alligator
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le 19 avr. 2013

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