De par son apparence plus subversive, Nanny Mc Phee rompt avec le concept gnan gnan et désuet à la Mary Poppins. Toutefois, ce film reste beaucoup trop sage et assez conventionnel. C’est dommage. Il y avait pourtant une réelle intention d’innover. D’abord la personnalité et le physique sinistres de la gouvernante, très loin des clichés du genre, jouée par une Emma Thompson, visiblement très impliquée dans le projet, qui nous ravit par sa prestation. Ensuite sur le travail de recherche des couleurs. Chaque personnage étant rattaché à l’une d’entre d’elles ; le rouge pour les enfants, le vert pour le père, le bleu pour la nanny… Chaque pièce de vêtement, coin de décor ou objet apporte un visuel et un éclairage spécifique ingénieux servant chaque scène. Mais malheureusement, l’esthétique ne fait pas tout. Elle doit s’appuyer sur un scénario plus percutant qui fait défaut ici. Trop de joliesse vient rebuter l’attrait, et on pense très vite au non-conformisme des « Orphelins Baudelaire », assez proche de l’histoire. Alors on se dit que oui Nanny Mc Phee est plaisant, amusant, mais ça ne va guère au-delà. Reste le jeu des acteurs. Outre Emma Thomspon trop rare de nos jours, on sourie aux maladresses d’un Colin Firth, on se réjouit plus encore d’une Angéla Lansbury acariâtre à souhait. Quand aux enfants ils sont tous adorablement crispants. Une dernière chose à ne pas louper, le générique de fin, une variation animée et très bien montée des tours pendables que réalisent les gamins pendant le film.