Napalm, l'idylle interdite
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le 10 sept. 2017
Le grand Claude Lanzmann (Shoah) a présenté à Cannes sa toute dernière creation, sorte de docu-fiction retraçant intimement son idylle interdite avec une infirmière nord-coréenne en 1958.
Hanté depuis 60 ans par ce souvenir de jeunesse, Claude Lanzmann brave une fois de plus les barrières du régime nord-coréen, connu pour ses politiques oppressives et son contrôle total de l'information. Sous couvert d'un film sur le taekwondo, il nous rapporte quelques précieuses images réservées aux touristes : les statues colossales de Kim Il-sung et Kim Jong-il, et une visite guidée au musée de la guerre. Et puis, seul détenteur de la véritable raison de sa venue, il commet un délicieux et tragique larcin photographique : quelques barques sur le fleuve et le pont où les deux amoureux s'étaient donné rendez-vous.
Une profonde nostalgie se dégage, non de ces dernières images, mais du récit de Claude Lanzmann qui, face caméra, lentement, déroule son improbable récit. Une romance prohibée dont le contexte exprime la domination que le régime nord-coréen exerce sur son peuple. L'ancien résistant et intellectuel se refusant à livrer ses souvenirs en pâture à un film de fiction, dans les mains d'un autre, il se contente de cette mise en scène simple - trop simple. On l'écoute comme on écouterait notre grand-père nous relater ses péripéties de jeunesse - avec une admiration mêlée de politesse.
On regrette cependant profondément ne pas en savoir encore plus sur la Corée du Nord au passage. Napalm, seul mot en commun entre les deux amants tragiques, symbolise toute la douleur traversée par le peuple d'un pays toujours officiellement en guerre. Claude Lanzmann en fait un caprice touchant, qui aurait peut-être mérité qu'on y apportât plus de soin.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vus au 70è Festival de Cannes (2017)
Créée
le 22 mai 2017
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