Angle mort
Il en est des personnages historiques comme des pièces de théâtre patrimoniales : à chaque fois qu’un metteur en scène s’y attaque, il se doit de livrer sa lecture, et prend soin, avec plus ou moins...
le 26 nov. 2023
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En gros il y a les costumes de réussi et dans une moindre mesure les décors (hors d’Égypte où ils sentent trop les cgi), et une interprétation plutôt bonne des seconds rôles et de Vanessa Kirby, mais à part ça c'est le néant ce film.
Les batailles passée l'introduction de la situation se résument quasiment au moment spectaculaire de chacune figurant dans la bande annonce étiré un peu, donnant l'impression que certaines qui ont duré des jours entiers se sont résolues en quelques minutes. Quant à l'évolution géopolitique/diplomatie entre deux ça n'intéresse pas Scott des masses non plus (et encore moins les batailles non montrées à l'écran, même pas mentionnées au passage, ni sa politique intérieure, vite évacuée, tout comme des pays entiers qu'on se demande comment il les a conquis). La réalisation est lourdingue avec son jeu des couleurs trop appuyé (oh tout est jaune c'est l’Égypte, oh maintenant tout est bleuâtre c'est la campagne de Russie, oh du blanc qui parvient à rester blanc, soit il a oublié son filtre soit on doit être revenu en France), et son insistance sur les plans surplombants (Scott voulait il symboliser sa relation à l'histoire en la montrant tant de haut ?).
Et évidemment Napoléon est complètement assassiné comme personnage. Ses idées ? Sa doctrine militaire ? Son talent stratégique ? Sa relation avec ses hommes ? Son évolution psychologique ? A part montrer que du début à la fin il pense surtout avec sa bite, qu'il est un provincial ambitieux qui a eu de la chance et qu'il a un faible troublant pour les momies le film n'en dit pas grand chose. Et sans même vraiment le faire apparaitre pour le monstre sanguinaire qu'il aurait pu choisir de représenter (hors du bilan des victimes de "ses" guerres présenté à la fin - oubliant qu'il ne les a que très rarement déclenchées).
Tant qu'à faire un film principalement inspiré de propagande anglaise (comme le montre aussi sa représentation de la Révolution), aller à fond dans l'Ogre Napoléon, en faire un génie maléfique plutôt qu'un demi minable, m'aurait semblé préférable (ou encore plus de montrer un protagoniste attachant et doté de bonnes intentions au départ progressivement rendu monstrueux par le pouvoir). En lui attribuant en gros pour seule psychologie son obsession de cocu pour Joséphine, Scott s'abaisse au niveau des articles de pseudos historiens expliquant le nazisme par la petite bite ou couille unique d'Hitler. Si je m'attendais à un film qui ose le parallèle entre Napoléon et des fascistes plus modernes, je ne l'aurais pas vraiment vu sous cet angle.
On dirait que de toute l'histoire seule sa relation avec Joséphine intéressait vraiment Ridley, mais dans ce cas pourquoi ne pas carrément avoir fait un film intimiste pour développer à fond cet aspect, plutôt qu'un se vendant comme un biopic épique ne trouvant le temps que de le traiter à moitié (si comme je disais l'interprétation de Kirby est bonne, elle manque d'assez de scènes pour sauver le film) ? Puis tant qu'à faire prendre un acteur plus expressif que Phoenix pour le rôle, dont le jeu consiste à prendre le même air mi taciturne mi pénétré les 3/4 du temps (bon un peu moins dans les scènes avec Joséphine, quand même, où il passe son temps à prendre un autre air mi passionné mi intimidé).
ps : remonté ma note après avoir revu le film à la télé ; une fois préparé à la manière de Ridley de traiter le sujet je me dois de reconnaitre qu'il passe mieux, et que j'étais excessivement sévère
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Créée
le 8 déc. 2023
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