Je mets un point d'honneur à voir les films qui parlent des endroits où j'ai vécu, ne serait-ce que pour voir si l'idée que se fait le réalisateur de l'endroit correspond bien à la réalité. J'ai donc couru voir Nashville de Robert Altman, réédité depuis peu dans toutes les bonnes salles de la capitale. En parlant de capitale, il y a plein de films sur le sujet. Nashville, Tennessee c'est un peu plus rare. Pour ceux qui l'ignorent, Nashville est la capitale de la musique country. En raison du nombre de maisons de disques installées sur place, la ville est affublée du doux sobriquet de Music City, USA.
Ceci posé, parlons du film. Robert Altman livre ici un film choral qui fait intervenir une vingtaine de personnages et en hommage au caractère musical de la ville, une bonne tripotée de chansons. Il n'y a pas que de la country, même si la country compose la majorité de la bande originale. Les chansons sont assez représentatives du genre de part les paroles et le rythme notamment. Certaines sont d'ailleurs très amusantes. Hors country, la bande originale contient aussi "I'm Easy", chantée par Keith Carradine, une chanson qui a reçu l'Oscar de la meilleure chanson originale et qui est l'occasion d'une excellente scène. Je parle beaucoup de la musique car elle est très présente dans le film, de même que dans la ville elle-même. Si les apprentis acteurs vont à Los Angeles pour percer dans le cinéma, les apprentis chanteurs vont à Nashville. Et c'est le cas de plusieurs personnages du film, avec des talents bien différents.
L'histoire est difficile à résumer sans occulter les multiples histoires individuelles qui s'entrecroisent, mais elle tourne autour de l'organisation d'un meeting politique pour un candidat populiste. L'occasion pour Altman de livrer sa vision de l'Amérique post-Kennedy. Altman est assez grinçant dans sa description de Nashville et de l'Amérique en général. Pourtant, il ne se départit pas d'une certaine tendresse et il y a une certaine grandeur dans ces personnages perdus et un peu minables. Le film est également très drôle. L'un des personnages principaux, Opal, une journaliste britannique est l'un des points de vue extérieurs. Pleine de préjugés, elle n'écoute jamais les gens qu'elle interroge et illustre bien les préconceptions que l'on peut avoir sur les États-Unis. Dans le même temps, Altman tourne en dérision la jeunesse du pays avec la chanson "200 years" et en tournant sa scène finale au Parthénon de Nashville, une réplique grandeur nature (en béton).
La distribution est très diverse. Je retiendrais surtout Keith Carradine, magnétique et magnifique (vu récemment dans Dexter, mais en beaucoup, beaucoup plus vieux) qui séduit avec LA chanson du film les femmes dans l'assistance (mais pas que). Bref, courrez voir ce film. J'ai vraiment adoré, ne serait-ce que pour reconnaître la ville et ses lieux mémorables. Mais pas seulement !
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