Et oui le cinéma d'exploitation asiatique ne se limite pas à Hong-Kong, le Japon ou les Philippines! Le cinéma Indonésien a connu une période faste dans les années 70 grâce à l'obligation pour les exportateurs de films occidentaux de compenser en produisant des films locaux. Mais cela n'a pas empêché certains films d'être conçus pour le marché occidental, cette Lady Terminator en étant un parfait exemple. On commence par l'adaptation d'une légende locale, et on en profite pour revisiter (qui a dit ersatz ou plagiat?) Terminator!
C'ets l'histoire d'une reine maléfique qui couche avec des hommes (malgré son physique plus quel quelconque) mais ne peut s'empêcher de leus tuer par ou ça fait mal. Un jour arrive un bel aventurier occidental pour qui elle va faire le grand jeu : retirer sa robe pour faire l'amour! (Le beau moustachu asiatique précédent n'aura pas eu droit à ce privilège). Mais notre héros va réussir à attraper l'anguille qui sortait du corps de la sorcière, créature qui va se transformer en poignard rituel (la légende veut qu'il y ait une métaphore phallique mais c'est trop subtil pour que j'y crois).
La vilaine s'énerve qu'on lui ait volé son phallus de compensation et veut se venger en s'attaquant à l'arrière petite fille de l'aventurier. A partir de là le spectateur peut déjà se poser plusieurs questions comme :
- Pourquoi s'attaquer à l'arrière petite-fille seulement?
Réponse : Cela va permettre à notre histoire d'arriver à l'époque moderne, et puis t'as payé pour voir une pouf occidentale avec un gros calibre.
- Pourquoi l'aventurier ne se sert pas du poignard pour se débarrasser de la méchante?
Réponse : Le film serait déjà fini alors.
A l'époque moderne, une étudiante en anthropologie occidentale décide d'aller enquêter sur la reine maléfique. Elle demande à un bibliothécaire local de lui prêter un livre sur ce sujet mais celui-ci est réticent. La fille doit alors lui dire qu'elle ne croit pas à cette légende, et finalement sans raison le bibliothécaire se décide à le lui donner. Ensuite la fille convainc (au bout d'une autre longue scène de dialogues pour meubler) un marin de l'amener sur les lieux ou est engloutie le palais de la méchante. Je ne sais pas comment est le livre, mais il était visiblement très convaincant puisque la fille y croit maintenant à fond à l'existence de la méchante!
L'étudiante va donc plonger et se retrouver capturée en sous-vêtements dans une chambre. Une anguille va la pénétrer malgré son slip (comment ça il y a une métaphore phallique aussi?) et elle va être possédée par l'esprit de la méchante reine.
L'équation est simple : corps d'une étudiante + esprit d'une sorcière = Lady Terminator
Cette Lady débarque nue sur une plage, vole des vêtements de cuirs à des loubards, a comme mission de tuer une femme, utilise des gros calibres, auto-répare son oeil et possède une vision subjective. Avec seulement tous ces éléments en commun, crier au plagiat est de très mauvaise foi, je vous assure!
Si vous vous souvenez, la vengeance de la sorcière était de tuer l'arrière petite fille de l'aventurier occidental. Cette fille est donc une... Indonésienne! Le pire étant qu'elle est chanteuse d'une soupe disco ignoble, périmée depuis 10 ans mais mystérieusement elle a du succès.
Bon là je vous ai résumé les 15 premières minutes mais la suite du métrage reste tout aussi mal foutue malgré son extrême clacissisme.
Présentation sommaire des personnages + Scène de meurtre + chanson ignoble + Scène de fusillarde et de course-poursuite + discussions pour mettre ça au clair + grosse scène de fusillade + romance en mousse + scène de fusillade et de course-poursuite + très grosse scène de baston avec hélicoptère, véhicule blindé et lance-roquette + fin très moyennement originale.
Cette histoire est sublimée par des dialogues français magnifiques :
"les filles du bureau vont finir par croire que t'es pédé" (Rires)
"Avale ça salope!" (réplique dite en tirant une roquette)
Il s'agit de 2 exemples parmi plein d'autres.
Sinon le casting est assez médiocre. Les rares occidentaux sont très probablement des touristes cherchant à gagner un peu d'argent sur place (vu leur manque de talent et l'absence de tout autre travail dans leur filmographie). Le seul nom qui m'a paru familier a été celui de la maquilleuse, car il s'agit également de l'actrice interprétant le Terminator.
Mais la principale bizarrerie du casting est son métissage entre Indonésiens et occidentaux. La ville ou se passe les événements n'est jamais précisée mais il est sous-entendu qu'il s'agit d'une ville Américaine. Mais une bonne moitié des acteurs est d'origine Indonésienne, et les forces de police ont pour nom "Spesial Sekuriti". On sent que les producteurs ont essayé d'américaniser leur film (en ne filmant que des endroits occidentaux comme un supermarché ou une discothèque, ou alors la ville de nuit), et en mettant un maximum de figurants occidentaux (même une blonde pour interpréter une nettoyeuse de toilettes)
Enfin notons les effets spéciaux ringards typiques des années 80 : les éclairs bleurs (dont ce film use et abuse) et la musique au synthé bien pompeuse.
On peut remercier les producteurs de nous avoir (mal) fait découvrir leurs légendes locales en plagiant un succès américain. Fallait le faire, chapeau!