La communiante

L’ombre de Bergman plane sur Natalia. Dans un noir et blanc magnifique, la réalisatrice filme avec attention le visage de son héroïne, mis en avant par son voile. Le temps est dilaté, d’un onirisme discret. Et puis il y a le silence de Dieu, qui ne confirme jamais la vocation de son héroïne.

Natalia ne correspond pas à l’image qu’on se fait de la nonne : elle est jeune, souriante, et n’a aucun souci à raconter la difficulté qu’elle a eu à rester abstinente sexuellement pendant trois mois. Il y a là un double enjeu : montrer que les bonnes sœurs sont des femmes issues de la vie quotidienne et montrer leur quotidien. Car si on est nonne à vie, ce n’est pas non plus un travail à plein temps. Natalia voit sa famille, joue avec ses nièces, regarde Star Trek avec ses consœurs. Ces scènes de vie contrastent avec d’autres plus contemplatives, chargées spirituellement : les silences de la jeune femme en disent autant sur sa foi que sur les questionnements qui la traversent.

Le film séduit et touche à l’universel dans sa mise en scène du doute. Natalia peine à trouver les mots pour justifier son engagement, mais sent que quelque chose l’attire sans en être vraiment sûre. Les attaques sur son choix de vie semblent l’atteindre. Et puis il y a ces scènes de rêve de plus en plus présentes au fil du film, qui lui rappellent la vie qu’elle laisse derrière elle. Natalia pourrait être une jeune femme sur le point de se marier, cela n’aurait aucune importance : elle est empreinte à l’hésitation constante mais suit ses désirs profonds. Comme nous tous, la rationalité n’a que peu d’impact dans nos vies.

Site d'origine : Ciné-vrai