Le premier long-métrage de fiction de Dénes Nagy, très expérimenté en matière de documentaires, revient sur l'un des aspects méconnus de la seconde guerre mondiale : la présence de troupes hongroises en Russie, entre 1941 et 1944, lesquelles, dans le cadre de l'alliance avec l'Allemagne, étaient chargées de traquer les partisans soviétiques. Dans un style sombre et économe de ses moyens, qui n'est pas sans rappeler le cinéma de son compatriote hongrois László Nemes, voire même celui de Béla Tarr, Nagy raconte un épisode à la fois banal et horrible, dans une forme austère, sans donner guère d'informations, et avec des dialogues réduits à l'essentiel. Dans des paysages désolés, avec une population civile affamée et asservie, alors que l'ennemi est invisible, le film concentre son attention, et la notre, sur le visage impavide d'un caporal hongrois âgé, plus spectateur impuissant qu'acteur, dont la fixité des traits traduit la tristesse insondable devant l'horreur et l'absurdité de la guerre et la disparition de toute humanité dans le comportement des décisionnaires. Le rythme lancinant et exigeant du film n'est guère du genre à susciter l'enthousiasme, même si ne pas montrer frontalement la violence est en soi une attitude louable, et il faut attendre ses dernières minutes et peut-être encore davantage l'après-projection pour le digérer et assimiler sa puissance rentrée.

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le 26 juil. 2022

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