Voler au dessus de cette étendue d'une beauté toxique
Voir l'orgueil des hommes, orgueil qui les avait emmenés un jour au delà des étoiles mais qui ne les mène plus qu'à l'autodestruction
Toujours rentrer dans cette vallée où le vent souffle le bonheur
Respirer l'air pur et marcher dans le sable de ces cathédrales de cristal
Survoler les hordes d'ohmus, lancées dans un djihad atavique
Voler et mourir.
Mourir pour renaître mille fois
Devenir le ferment d'un nouveau pacte entre la Terre et ses habitants, ces hommes, mais ont-ils seulement appris ?
Dans Nausicaa de la vallée du vent, tout est de la beauté du cristal, pur sans aucun doute, mais si fragile. Les scènes les plus belles sont aussi les plus niaises : devant cette communion avec les ohmus, alors que des voix d'enfants nous chantent le thème, on reste forcément un peu perplexe. Les villageois surjouent. Ce bonheur, cette vallée, ils sont trop beaux pour être vrais. Cependant dans ces scènes la beauté l'emporte, toujours. Mais la surprise vient de ce qui ne devrait pas être beau : la mer de désolation, les insectes, même les avions Tolmèques et Pejites, l'armure de la générale, même le Guerrier Géant est beau à pleurer, merde. Ce film est un bijou du point de vue des dessins, de l'animation, de la musique.
Et puis il y a les "messages". Il ne faut pas forcément tout prendre au pied de la lettre. Un orgueil destructeur aux relents de bombe atomique (quelque chose qu'on retrouve beaucoup chez les japonais mais pas tant chez Miyazaki). Penser l'humain avec la nature : la menace cesse dès qu'on arrête de la considérer comme une menace. Ce sont des choses qui peuvent paraître évidentes aujourd'hui mais le film date de 1984, et ça ne fait pas de mal de se voir rappeler des choses certes simples, mais qu'on oublie facilement. Plus que tout, je pense qu'à travers le personnage de Nausicaa, Miyazaki a voulu nous dire que l'homme a en lui-même le pouvoir de faire ces décisions, que rien n'est déterminé.
Dans tous les cas, le message reste « ouvert », libre à chacun d'en tirer ce qu'il veut, rien n'est imposé, et ce qui compte encore une fois c'est d'avoir fait, accroché au planeur de Nausicaa, ce magnifique et fantastique voyage.