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Nausicaä de la vallée du vent
7.9
Nausicaä de la vallée du vent

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1984)

J'adore tous les films de Miyazaki (même si j'avoue avoir baillé plus d'une fois devant son dernier, "Le vent se lève"). "Princesse Mononoké", "Le voyage de Chihiro", "Le château dans le ciel", et même le sous-estimé "Ponyo sur la falaise" occupent une place de choix à la tête de mon patrimoine cinématographique. Alors pourquoi je n'ai mis que 6/10 à l'une des œuvres les plus appréciées de ce grand monsieur. Principalement parce que j'ai eu l'impression, à la vue de ce "Nausicca de la vallée du vent", de me trouver face à une sorte de "brouillon" de ce qui fera le charme et le génie de ses films par la suite. Je m'explique.


Nausicaa est la princesse d'un petit royaume (au roi mourant) dans un monde post-apocalyptique dans lequel les plantes, devenues toxiques, ont tué la majeure partie de l'humanité (semblerait-il). Le monde, transformé en vaste plaine désertique, est parcouru par des troupeaux d'insectes géants et paniqués, détruisant tout sur leur passage. Nausicca possède une sorte de don pour communiquer avec ces bêtes et les calmer.
Ca c'est du pitch qui claque !


Pour commencer avec ce qui va, l'univers est parfaitement posé. Malgré une animation, il est vrai, datée (le film date de 1984), Miyazaki retranscrit cette atmosphère de désolation, ces espaces géants, ce bestiaire angoissant, d'une bien belle manière. C'est d'ailleurs ce qui saisit le spectateur, le prend aux tripes dans un premier temps, avant que le souffle ne retombe quelque peu...
Car voilà, pour moi, au delà de l'imaginaire dingue et de la poésie de chaque instant, un film de Miyazaki c'est avant tout du rythme, la science de ne pas perdre le spectateur un seul instant face au spectacle qui lui est offert. Et c'est de ces problèmes de rythme dont Nausicaa souffre, selon moi. Les péripéties s'enchaînent sans que le spectateur ne sache vraiment où le réalisateur veut l'emmener.
Par exemple (et en essayant de spoiler le moins possible), l'histoire se suit relativement bien et sans temps morts avant la rencontre entre Nausicaa et le pilote d'avion (voilà, je reste assez vague). A partir de là, les personnages font des allers-retours incessants qui nous perdent autant qu'eux. Ce qui nous amène à un autre problème, celui de l'explicitation. Un rythme un peu foutraque peut se tolérer si le spectateur reste suffisamment sur sa faim en termes d'explications, de mystère entourant l'histoire et les personnages. Dans le cas de "Nausicaa", les personnages donnent dans la sur-explication, et les retournements de situation sont cousus d'un fil presque blanc. Dommage... Voilà une erreur que Miyazaki ne répétera sans doute jamais !
Et comme on ne peut pas décemment parler d'un film de Miyazaki sans évoquer la musique, celle de "Nausicaa" est, une fois n'est pas coutume, parfaitement réussie. On se surprend à apprécier les vieux synthés rétros qui s'incrustent dans les scènes de batailles aériennes (même le Japon a connu les années 1980...), et le thème principal est de toute beauté.


Alors pourquoi ce titre "Miyazaki : Origins" ? Parce que ce film lance les pistes de tout ce qui caractérisera par la suite son cinéma : personnage féminin fort (même si assez lisse et monolithique, en comparaison avec ses futures muses), combats aériens déjantés, écologie, bestiaire riche et angoissant, humour un peu potache des personnages secondaires, critique de la nature humaine et de leur volonté de puissance.... Le tout un peu en vrac.


Que reste-t-il de ce film qui m'a tant déçu ? Une atmosphère assez incroyable, une sobriété exemplaire qui colle parfaitement aux thématiques du film (que l'on retrouvera en partie dans "Porco Rosso"), quelques scènes réellement marquantes (Nausicaa qui laisse sa rage s'exprimer, ses souvenirs d'enfance...), et l'invitation sincère mais maladroite de Miyazaki au spectateur à embarquer dans un voyage.
Manque de souffle, oui, mais pas de génie ni de sincérité.

Mr_Step

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