Si l'on ne peut que se réjouir de voir un best-seller de Coben échapper à Hollywood et avoir droit au "traitement français", il faut bien dire que le résultat nous laissera pour le moins dubitatifs. L'enthousiasme de Canet se traduit à la fois par une pénible débauche d'effets de mise en scène, qui détournent l'attention de l'énigme complexe du roman, sans apporter profondeur humaine ou sensorielle particulière, et par une naïveté au mieux sympathique, au pire hilarante, dans le traitement qu'il veut visiblement incandescent et romantique de l'histoire d'amour. Si l'on ajoute que le casting "all stars" du cinéma français - même pour des rôles caméo - n'apporte qu'un vilain effet people, et que les scénaristes n'arrivent pas à éviter l'interminable tunnel explicatif final, tout en laissant pas mal d'incohérences qui n'étaient pas dans le roman, "Ne le Dis à Personne" passerait très mal : reste heureusement l'utilisation intelligente de belles musiques (ah ! Jeff Buckley et son "Lilac Wine" !) qui aident à avaler cette grossière pilule.