Mal construit

Dans l'ensemble, Ne me tue pas aurait pu être un bon film - ou du moins, un film intéressant. Le problème, c'est que rien ne va dans sa construction, dans sa rythmique.

En effet, Alice Pagani joue de façon très juste, certaines musiques sont bien choisies, certains effets visuels sont soignés et rendent même parfois l'image belle - prenons comme exemple ces fameuses pupilles très noires - et enfin le scénario, bien que tenant presque du lieu commun, est efficace.

Seulement, les scènes se suivent en apportant avec elles leur lot de questionnements sans jamais apporter la moindre réponse. Il est là, le problème majeur du film. Car les interrogations s'amoncellent au point de se demander à la fin ce qu'on regarde, si le film est fini, si une suite est prévue pour éclaircir un tant soit peu les inconnues.

Ainsi, le film s'ouvre sur une romance. Cela est très souvent dit dans les critiques, et c'est un fait : on n'est à deux doigts du plagiat de Twilight. La jeune fille rangée, timide et peu populaire dans son lycée ; le jeune homme ténébreux, inexpressif et marginal qui semble avoir jeté son dévolu sur la jeune fille ; un amour contre le reste du monde ; une volonté d'affronter la mort... Bref. La romance se fait contre le reste du monde car les parents de la jeune fille ne supportent pas son copain.

Les deux meurent, la jeune fille revient à la vie et fonce chez ses parents (accessoirement chez elle).

Pourquoi refusent-elles de voir ses parents ? Elle fuit d'ailleurs de chez ses parents et, encore habillée de ses vêtements mortuaires, croise son ancienne bande de potes. C'est un excellent moyen d'évoquer sa rencontre avec son amoureux, mais pourquoi ses potes ne s'arrêtent-ils pas ?

Elle file dans un appartement qu'on imagine être celui son copain, et le père de la jeune fille débarque avec une blonde : que fout le père ici ? Qui est cette blonde ? Pourquoi affirme-t-il payer le loyer de cet appartement, si c'était celui d'un gars qu'il détestait ?

Et, que dire de la secte combattant les revenants : d'où vient-elle ? Pourquoi le XVIe siècle ? Comment retrouve-t-elle les revenants ? Comment d'ailleurs Sara elle-même retrouve-t-elle Mirta ?

Et puis bon, ne le cachons pas : trente minutes pour expliquer la romance twilightienne entre les deux protagonistes pour que, finalement, Mirta ne rejette son amoureux aussi vite, ça fait mal à la gueule.

Bref, tout cela pour dire qu'effectivement, les ingrédients étaient bons. Mais mon Dieu que c'est mal fichu, mal équilibré, mal exploité. On se retrouve finalement devant un film pour adolescent, sans fond ni épaisseur.