Tourné après les Tontons flingueurs et les Barbouzes qui avaient amplement imposé le goût de Georges Lautner pour ces comédies policières dans lesquelles il renvoie dos à dos les as des services secrets et les gangsters, Ne nous fâchons pas ne déroge pas à la règle et fait partie de ces roboratifs polars humoristiques au ton irrésistible et à l'intrigue pas sérieuse concoctée par un Michel Audiard revendiquant alors le titre d' "expert en imbécilités", dopée à l'humour noir et à un vrai sens du burlesque. Cette intrigue qui n'a qu'une importance relative, ne sert qu'à installer le joyeux trio contrasté Ventura-Lefebvre-Constantin, pimenté par le charme de Mireille Darc, sans oublier les inévitables Robert Dalban et André Pousse. La rivalité entre Lino qui joue dans le registre grosse brute épaisse, et Jean Lefebvre en chien battu (et qui répond au nom de Léonard Michalon, déjà rien que le nom fait sourire) est jubilatoire, avec des passages très amusants, auxquels s'ajoutent sur fond de Côte d'Azur une parodie de jeunes gangsters british échappés de Carnaby Street plutôt savoureuse, des règlements de comptes dans le style des 60's, et des cascades automobiles fort bien réglées par Gil Delamare, avec autos qui s'envolent, camions qui flambent et motos n'échappant pas à la destruction systématique. Un polar parodique de bon calibre, légèrement en-dessous du niveau des Tontons et des Barbouzes, mais qu'il serait stupide de bouder.