«Né pour l’enfer» est une alliance entre le film de psycho killer et le thème du syndrome post-traumatique lié à la guerre, deux caractéristiques très exploitées dans le cinéma des années 70. Traînant derrière lui une réputation médiocre, le film possède pourtant un traitement pas inintéressant, l’erreur est de considérer cette sombre escalade vers la démence pour un thriller, ce qui - d’après moi - n’est pas vraiment le but du réalisateur.


Cain, citoyen américain, est tout juste extirpé de l'enfer du Viêtnam, pour être plongé au cœur d'un autre conflit, plus proche de chez lui cette fois : l'Irlande, minée par l'IRA. Souffrant d’un syndrome post-traumatique, végétant dans une Irlande empêtrée dans un conflit religieux et territorial, entre attentats et fusillade en pleine rue, Cain perd peu à peu pied avec la morale et la réalité.

Les critiques mettent en exergue la lenteur du film, qui peine à démarrer... Effectivement, ce n’est qu’au bout d’une cinquantaine de minutes que le premier meurtre survient. En réalité, la première longue partie de «Né pour l’enfer» est parfaitement logique et nécessaire au propos du film. Le cinéaste nous montre la guerre telle qu’elle est documentée, comme en témoignent deux ou trois passages d’informations sur un poste de TV au début et à la fin du film. On documente les faits et les conditions qui perpétuent la guerre : religion et territoire (entre autres). On nous montre des attentats, des fusillades, des victimes innocentes, etc. L’horrible deuxième partie est aussi une partie de la guerre, celle qui est beaucoup moins documentée, celle perpétuée ici par un vétéran qui sombre dans la folie : les crimes de guerre. Crimes dont les victimes sont souvent des femmes violées et assassinées.


Le cinéaste explicite un propos sur la violence et la guerre. Le vétéran ne fait que reproduire les crimes ignobles qu’il a vu ou fait subir à des femmes au Viêtnam. On est donc loin d’un vulgaire psycho killer avec un personnage de vétéran qui pète les plombs uniquement pour justifier les meurtres. Du Viêtnam jusqu’en Irlande, la guerre produit les mêmes violences, les mêmes conséquences...


Franchement, «Né pour l’enfer» est loin d’être honteux, j’imagine le budget minuscule et l’envie de Denis Héroux de transmettre – malgré tout – un propos. J’ai vu le film dans une qualité VHS ignoble, je ne sais pas s'il aurait gagné en intensité avec une version moins dégueulasse, ou si, au contraire, son intérêt serait moindre.

BaronDuBis
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le 24 mai 2022

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