Un vibrant témoignage sur l'après-Vietnam à travers le désarroi d'un vétéran authentique, Ron Kovic incarné d'une façon prodigieuse par un Tom Cruise véritablement habité ; c'est probablement un de ses rôles les plus forts, alors qu'il était encore très jeune, il se débarrasse de ses oripeaux de star et de beau gosse pour incarner un héros déchu, une épave douloureuse au corps brisé, un vétéran hagard et écoeuré qui s'engage dans un combat contre la mauvaise conscience de l'Amérique et les valeurs qu'il défendait . Sa lente décomposition en contestataire à l'allure hippie, ses scènes d'engueulades dans le désert avec Willem Dafoe lui-aussi prodigieux mais hélas très sous-employé, celles où il exulte en chaise roulante dans son propre foyer, les scènes d'hôpital, et les longues scènes de revendication lors d'un meeting politique à Washington sont vraiment poignantes et rendent ce film bouleversant.
Avec ce rôle, Cruise prouvait qu'il pouvait être un grand acteur, je trouve qu' il n'a pas tellement eu l'occasion de retrouver un rôle aussi puissant. C'est une réflexion, bien dans le style "rentre dedans" d' Oliver Stone qui après Platoon, poursuivait son exploration sur un des plus grands traumatismes américains, il livre du vécu surmultiplié par une caméra sans concessions et obtiendra l'Oscar du meilleur réalisateur, qui tente d'exorciser les démons d'une Amérique qui veut oublier la défaite, et où le problème politique est porté par des arguments psychologiques forts. Un film militant et pacifique en même temps qu'une attaque en règle contre les institutions.