Cela faisait une paye que je n'étais pas allé au ciné et même si le dernier Delépine et Kervern n'avait pas de si bons retours que ça, je me voyais mal ressortir déçu d'un des réalisateurs de Mammuth !
On retrouve tout ce qui fait plaisir dans les films du duo, c'est-à-dire beaucoup de noirceur, de l'humour, mais surtout beaucoup de vrai. Parce que ce type qui est loin d'être con qui en marre de sa vie médiocre, ça pourrait être n'importe qui… Enfin "n'importe qui", je tiens malgré tout à relativiser, parce que pour réussir à parvenir au constat que fait Houellebecq faut pas être le dernier des abrutis non plus. Réussir à se rendre compte que regarder TF1 toute la journée ça tape sur le système par sa bêtise et son avilissement de la population… malheureusement la majorité des français n'en est pas capable.

Du coup, c'est vraiment un film qui enlève tout espoir, c'est un film sur la désespérance. Voir, ainsi, toute motivation à vivre s'envoler dans la nature avec une immense lucidité, ça déprime, parce que ce n'est pas un film sur la "liberté" qui fait que l'on va se sentir bien à la fin. On n'est pas dans un trip bobo écolo gauchiste à la Into the wild où il n'y a aucune conscience de la réalité, où tout est fantasmé. On est dans le contraire, dans la réalité ! Il le dit lui-même lorsqu'on lui demande s'il est bien là : "Non". L'homme n'a pas inventé le lit pour rien, le chauffage central pour rien.

On a un film qui arrive à avoir conscience de ce qu'il raconte sans tomber dans la caricature du "si on vivait tous à poil le monde serait bien mieux".

Je me suis reconnu dans le personnage de Houellebecq, parce que même si on ne sait pas grand chose de lui (ou justement parce qu'on ne sait pas grand chose de lui) il y a une grande capacité d'identification… Cet agacement de la routine, cette compréhension pragmatique du monde…
Quelque part c'est triste de voir ce type qui est parvenu pendant des années à se mentir, à croire qu'il aimait son travail misérable, sa petite vie bien rangée… croire à ce mensonge…

Le film n'est pas exempt de défauts, toutes les scènes ne sont pas égales, on en revient souvent au même point… C'est long de mourir… Cependant il y a une vraie poésie, certes un peu macabre, mais c'est un beau film… Ce n'est pas un film qui fait du bien, mais ça ne l'empêche pas d'être beau. Notamment lorsqu'il utilise de la musique… Black Sabbath en tête… Voir ce pauvre type avec sa clope qu'il n'arrive pas à allumer.
Ou bien lorsqu'il tente de dessiner un bœuf, on se croirait au début d'Hélas pour Moi de Godard…

En tous cas c'est un film à voir au cinéma où il n'y a pas d'échappatoire ! Sinon c'est trop facile de faire autre chose, de zapper, c'est un film qu'il faut endurer et qui ne vaut que pour ça. Difficile de sentir la poésie, la beauté du truc si on est focalisé dessus. L'inverse d'un film pop corn taillé pour mettre des pubs au milieu.

Touchant en tous cas ! Et plus déprimant qu'un album de Shining… Vu qu'il ne laisse aucune illusion sur la vie… Comme quoi, peut-être qu'il fallait prendre les paroles du Christ au premier degré lorsqu'il disait "Heureux les simples d'esprit".
Moizi
7
Écrit par

Créée

le 14 sept. 2014

Critique lue 1.7K fois

20 j'aime

1 commentaire

Moizi

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

20
1

D'autres avis sur Near Death Experience

Near Death Experience
pphf
6

Et pourtant il tourne

Il ne boit plus… (au moins une fois qu’il a décidé de partir vers la montagne et de chevaucher son beau vélo ; avant on le voit essorer un cubitainer de vin rosé, le pressurer pour n’en pas perdre...

Par

le 5 oct. 2014

21 j'aime

2

Near Death Experience
Moizi
7

C'est long de mourir…

Cela faisait une paye que je n'étais pas allé au ciné et même si le dernier Delépine et Kervern n'avait pas de si bons retours que ça, je me voyais mal ressortir déçu d'un des réalisateurs de Mammuth...

le 14 sept. 2014

20 j'aime

1

Near Death Experience
cinematraque
7

Near Death Experience / Suicide Social

Le cinéma, c'est un lieu commun, photographie l'humeur de l'époque. Si le film catastrophe connut de beaux jours à la fin des années 90, et jusqu'en 2012, c'est que nos fantasmes, autant que la...

le 9 sept. 2014

17 j'aime

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Moizi
2

Vos larmes sont mon réconfort

Je ne comprends pas Disney... Quel est le projet ? Je veux dire, ils commencent avec un épisode VII dénué de tout intérêt, où on a enlevé toute la politique (parce qu'il ne faudrait surtout pas que...

le 21 déc. 2019

496 j'aime

48

Prenez le temps d'e-penser, tome 1
Moizi
1

L'infamie

Souvenez-vous Bruce nous avait cassé les couilles dans sa vidéo de présentation de son "livre", blabla si tu télécharges, comment je vis ? et autre pleurnicheries visant à te faire acheter son...

le 29 nov. 2015

305 j'aime

146

Le Génie lesbien
Moizi
1

Bon pour l'oubli

Voici l'autre grand livre « féministe » de la rentrée avec Moi les hommes je les déteste et tous les deux sont très mauvais. Celui la n'a même pas l'avantage d'être court, ça fait plus de 200 pages...

le 4 oct. 2020

246 j'aime

61