Nommé pour de nombreuses récompenses, "Nebraska" permet au cinéaste Alexander Payne de revenir à un cinéma plus modeste après plusieurs films distribués par la branche "indépendante" de gros studios, road-movie au coeur de l'Amérique profonde où il sera notamment question d'un million de dollars potentiel et surtout d'un fils apprenant enfin à connaître son père.
Un propos qui est tout sauf neuf mais qu'Alexander Payne parvient à aborder sans jamais tomber dans le pathos, tout en évitant soigneusement les pièges du faux film indie qui jalonnaient sa route. Tourné dans un sublime noir et blanc retirant toute ses couleurs à une Amérique en état de mort avancée, "Nebraska" esquisse un portrait intéressant de son pays, entre tendresse et humour décalé.
Fable touchante sur le temps qui passe, sur ce qu'il reste de notre vie, de notre jeunesse, d'une nation autrefois si flamboyante, la force tranquille de "Nebraska" réside surtout dans les rapports filiaux que le cinéaste met en scène, notamment ceux entre un vieil homme courant après un butin illusoire et son fils, qui apprendra à le connaître réellement au cour de leur odyssée tragi-comique.
Drôle, formellement magnifique et délicieusement lancinant, "Nebraska" ne réconciliera pas forcément les détracteurs de Payne mais reste un très joli film porté par d'excellents comédiens et seconds rôles (mention particulière pour la vieille mère catho qui jure à n'en plus finir), qui aura d'ailleurs valu à Bruce Dern un prix d'interprétation à Cannes amplement mérité.