Pour la première fois Alexander Payn réalise un film qu’il n’a pas signé. Ce qui va donner, au final, une véritable leçon de vie.
Un vieil homme marche contre le vent sur le bord de la route. Woody Grant, un septuagénaire alcoolique veut récupérer son gain dans le Nebraska, à 1 300 kilomètres de chez lui. A pied s’il le faut. Sa femme a beau le traiter de vieux fou et ses fis lui expliquer qu’il s’agit d’une arnaque, il n’en démord pas : « Ils n’écriraient pas que j’ai gagné si ce n’était pas le cas ! ».
Bienvenue dans une Amérique ordinaire rongée par la crise. Alexander Payn fime sa région natale avec son habituel mélange d’ironie et de mélancolie. Derrière sa caméra il tente de donner vie a ces paysages dénués de couleur. Les décors et ces habitants respirent l’émotion. Chaque plan est accompagné d’une des dix-huit musiques, toutes fabuleuses, composées par le groupe Tin Hat, reformé pour l’occasion. Ils accompagnent subtilement l’histoire des deux protagonistes avec leurs instruments à vent et leurs cuivres.
Le réalisateur continu à s’intéresser aux rapports parent-enfant. Comme dans Th Descendants, mais sans le côté « gnian-gnian ». le scénario, à l’image de ce père looser (superbement interpréter par Bruce Dern), accompagné par son fis (Will Forte), une sorte de boy-scout, nous touche directement aux tripes. Sur le ton de la confession et de la rédemption, le film nous ramène à une réalité bien amère : l’exploitation des personnes âgées, l’égoïsme des gens et l’importance de l’héritage, dans tous les sens du terme. Tous ces points de vue sont abordés de manière subtile. Portés davantage par les images et la musique que par les dialogues. Alexander Payn réussit enfin à sortir un film digne de ce nom. On sent une réelle prise de risque. Un film sentimental en noir & blanc, dans lequel les personnages transpirent le naturel, sans tomber dans les clichés habituels du genre.
Nebraska mélange habillement la morale avec l’art et arrive à nous tenir en haleine pendant 2 heures, malgré quelques redondances. Il est passionnant de voir à quel point David qui considérait son père comme un looser, va le découvrir autrement, plus humain, plus sensible. La découverte du passé patriarcal renvoie à notre propre histoire familiale et à cette question cruciale : au fond, qui sont donc vraiment nos parents ?

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le 10 févr. 2015

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Bizon

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