Necromentia est une petite série B qui a fait son petit effet lors d’un dvd du mois Mad movies. En fait, l’objet torturé se résume finalement à une simple idée : faire preuve de générosité avec un budget rikiki et donner une vision de l’enfer hellraiserienne en diable, avec des concepts graphiques démoniaques du meilleur cru. Et chose assez inattendue, le modeste projet parvient à remplir ses objectifs de ce côté-là. En revanche, pour ce qui est du reste…
Necromentia n’est pas un film à sketch, mais il mixe plusieurs histoires qui finissent par former un tout « cohérent ». Sur le modèle d’un Sin City ou d’un Tarantino. Cependant, les inspirations de Necromentia ne lorgne pas vers le côté pulp de ces exemples. C’est simple, le réalisateur a dû adorer Hellraiser pendant sa jeunesse et il a décidé de faire un film hommage avec des idées torturées et une esthétique très underground. Autant dire que le fantastique et le manque de budget font rarement bon ménage. Pourtant, Necromentia réussit à illustrer quelques idées déviantes avec brio, parvenant même au détour de corridors sombres à devenir impressionnant. On retiendra surtout un gigantesque démon baraqué qui se chargera de traîner les âmes dans les ténèbres, et une séance de torture particulièrement glauque. Cette séquence mérite d’ailleurs qu’on s’y attarde, puisqu’elle est de loin la plus réussie du film, trouvant le juste équilibre entre design underground, bande sonore saturée et effets gores insidieux. Avec un côté fétichiste évident pour le look du bourreau qui dirige la séance. Aussi, la conclusion de la scène est amusante dans la mesure où la prétendue victime est une masochiste qui paye pour s’infliger cela. Mais ici, l’aspect torturé des différents personnages apparaît plus en façade qu’en profondeur. Et c’est là que le bas blesse. Les personnages sont finalement peu intéressants, leur direction tortueuse n’étant presque jamais développée, restant au stade de l’exposition. Le mari nécrophile ne s’attirera jamais notre compassion, on se fout du harcèlement moral du bourreau par un fantôme, et la partie avec l’handicapé est complètement foirée. Enfin, pas complètement. Disons qu’on voit où veut en venir le réalisateur, mais que le malsain recherché ne fait pas mouche, et ne nous choquera jamais vraiment (il s’agit d’un gosse coincé dans un fauteuil roulant qui voit dans une télé un démon qui tente de le pousser au suicide sur un mode « cartoon »). Si graphiquement, le film impose une certaine maîtrise visuelle, les personnages sont des jouets qui n’attirent pas l’attention, et de ce fait, ils ralentissent le spectacle. Sans parler que le film se focalise sur des révélations données sur les personnages mis en scène. Ainsi, quand on comprend les liens qui unissent les différentes personnes du film, c’est sans entrain et sans intérêt qu’on les gobe, et sans envie de dire merci. D’où un constat bancal et finalement en défaveur du film, qui ne parvient pas à insuffler de l’intérêt pour le peu de choses qu’il voulait nous raconter. Un gâchis d’un certain côté, mais le démon du corridor est une tuerie !