"NEDS", le dernier Peter Mullan, un cinéaste qu'on apprécie pour sa rudesse "prolétarienne", mais que l'on redoute pour sa tendance à asséner ses vérités comme des coups, passe assez près de la réussite pour qu'on ne se sente pas frustré. C'est que le film commence de manière impressionnante, avec une justesse qui rappelle l'époque du grand cinéma-BBC anglais des années 70 et les meilleurs Ken Loach : grâce à des acteurs au naturel stupéfiants, à une image ultra-réaliste supportée par un montage sans fioritures, on vibre à chaque pas de cette véritable tragédie de l'exclusion sociale, du stéréotypage, qui emprisonne le passionnant personnage principal dans le piège implacable de ses origines. Et puis, surprise, Mullan (extraordinaire dans un rôle "secondaire" essentiel) décide de faire du Coppola, voire du Peckinpah (c'est lui qui le dit), et "NEDS" prend un tournant littéralement grotesque, qui prouve que Mullan ne maîtrise pas la transcendance ou le symbolisme. La dernière scène, fausse bonne idée à la symbolique pesante, enfonce encore le clou d'une demi-réussite… [Critique écrite en 2011]