I drive a Mustang, Bitch.
Ça faisait longtemps que Need for Speed me faisait de l'oeil, principalement pour deux raisons, la première, parce que j'suis un grand fan de bagnoles et que l'adaptation du jeu vidéo d'EA annonçait un film déjanté, des courses-poursuites folles et des duels avec la police intenses, avec des bolides tous plus extraordinaires les uns que les autres, le tout dans une ambiance vengeresse des plus musclées ! La seconde, et non des moindres, c'est l'exquise envie de retrouver Aaron Paul, après avoir terminé le sublimissime Breaking Bad en beauté. Quelle ne fut pas ma déception.
Ce film est tout simplement un immondice crachat à la moindre logique scénaristique ou à tout bon sens moral et humain. Une pure suite d'évènements improbables et absolument dénués de sens, qui ne trouveront d'ailleurs jamais explications durant les deux très longues heures de film. Et c'est fortement dérangeant dans le sens où l'on touche déjà du doigt un scénario ultra simpliste et primaire, à la limite du vulgaire. Et c'est dire, le synopsis en dit déjà tellement long sur l'histoire que l'on se visualise d'ailleurs très bien, que certains passages de films en deviendrait presque insupportables de longueur et d'attente, on meurt d'envie de passer à autre chose, et pour un film qui parle de vitesse, c'est assez paradoxal. Bon, niveau voitures, courses-poursuites, vitesse, cascades, nous sommes très bien servis. Des plans bien montés, des décors magnifiques, les plus belles voitures du mondes réunies en un même endroit pour se défier et se disputer la plus importante des récompenses : le respect et la vengeance. C'est beau, seulement voilà, cher monsieur Scott Waugh, ceci n'est pas suffisant pour tenir le spectateur lambda en haleine, même Jacky Tuning n'est pas dupe ! Rien n'est bon, tout est surfait, mal joué, aucun acteur n'y croit, les objectifs scénarisés à l'écran sont rocambolesques, ne riment à rien et sont uniquement présents pour tenter d'ajouter du crédit à chaque scène d'action.
Ce n'est qu'après la toute fin du film que j'ai enfin réalisé que Need for Speed se passait dans une dimension totalement parallèle à la notre, où les évènements surviennent de manière totalement fortuite, les personnages font des actions inexpliquées, et où fuck da logic, I drive a fucking Mustang, bitch. Je vous en ai évidemment concocté une petite liste, alors c'est parti pour un résumé non-exhaustif des particularités du monde parallèle de Need for speed !
- dans NFS, le personnage principal est toujours un beau gosse ténébreux avec la tête baissée, les yeux relevés, le front plissé et les sourcils froncés pour se donner un air mystérieux. Il a aussi un père qui décède dès le début du film mais ça on s'en fout, ça n'a absolument aucune répercussion sur la suite.
- dans NFS, quand tu vas en prison et que c'est un peu l'élément déclencheur principal de toute l'intrigue, en clair le seul vrai moment où tu peux prendre le temps de t'intéresser au personnage principal et d'en savoir plus sur son évolution psychologique et ses motivations, bah t'as une ellipse narrative '2 ans plus tard' histoire de t'éviter la moindre once de réflexion. Sont pas fous chez NFS. Nous on veut de la bagnole. Heureusement qu'au lieu de ça on a droit à un vieux road trip d'une heure, absolument trop long, chiant et inutile avec des interactions inter-personnage aussi factices que le jeu d'acteur d'Aaron Paul.
- dans NFS, on peut pas faire le plein d'essence à une station essence, faut le faire en roulant à fond à l'aide d'un pick-up collé à la voiture. Pour la cascade tavu.
- dans NFS, on peut pas non plus s'arrêter pour changer de place conducteur/passager, faut le faire en roulant. Après tout ils n'ont que quelques heures pour rejoindre un point de rendez-vous qui sert à rien parce que le vrai point de rendez-vous est le lendemain et tous les invités connaissent déjà l'heure et le lieu.
- dans NFS, le méchant s'habille toujours en noir et se déplace lentement en se donnant un air méchant et légèrement coincé.
- dans NFS, en prison, tout détenu a droit à un iPad à sa disposition, avec connexion wi-fi parce que quand même faut pas déconner, les vies candy crush ça n'attend pas.
- dans NFS, quand t'es hospitalisé et que tu demande un téléphone, on te prête un smartphone ultra connecté avec grand écran tactile et une connexion 4G.
- dans NFS, quand tu suis une course depuis ton bureau ou ton smartphone et que sur ton écran tu vois seulement la map et des petits points indiquant les participants suivant la route, t'arrive à voir le type de conduite de chaque conducteur, leurs manoeuvres, leurs pensées, et la couleur de leur chaussette gauche.
- dans NFS, quand t'es 'le Monarque', le plus grand créateur de courses clandestines d'Amérique, courses réservées seulement à l'élite des pilotes, accessibles uniquement sur invitation, bah on peut retrouver en quelques clics ton animation radio, avec commentaires de la course en direct live, facetime et partage d'écran.
- dans NFS, les hélicoptères, avions, aéronefs, sont tous ouverts et accessibles facilement, prêts à voler, sans comptes à rendre ou presque.
- dans NFS, pour te prévenir qu'on est en bas de ton immeuble, on utilise pas l'interphone ou le téléphone, on fait vrombir son moteur à côté des flics sur une place réservée et on se lance dans une course poursuite inutile, le tout en te la pétant grave et en sortant des punchlines à ta chérie blondinette aussi plates que les motivations du héros.
- dans NFS, quand on te dis qu'on est en bas de ton immeuble et qu'il faut que tu viennes bosser sur une voiture, tu quittes évidemment ton job en te foutant à poil devant tout l'open space et réalise tous tes fantasmes inavoués, puis tu te balades nu en draguant quelques vieilles au passage. 'J'avais pas envie qu'on me rappelle.' T'en fais pas mon gars, même pour Need For Speed 2 on te rappellera pas.
- dans NFS, quand la femme dont tu es amoureux -mais qui sors avec le bad guy- vient te voir, tu la joues super dégoûté, et tu dis que tu vas être déconcentré. La dignité c'pour les cyclistes, bitch.
Bref, la liste pourrait être plus longue tant le film est un concentré d'incompréhension et d'illogisme, de sens moral inexistant. Tout est prétexte à faire de l'action poussive en y ajoutant à chaque fois un prétexte invraisemblable, qui vient se démentir lui-même par la suite. Bref, ça aurait pu fonctionner si toutefois c'en était risible, mais là c'est du foutage de gueule complet envers les films de voitures et les films d'actions de manière générale. tout n'est que suite de défis intuiles visant à prouver du vent pour des gens faussement intéressés, et ça se ressent tout le long du film. Dommage, faut croire qu'Aaron Paul est plus fort pour cuisinier de la méth que pour venger son pote.. À voir au moins une fois (et en version originale histoire d'avoir une once de crédibilité) pour de la belle mécanique, du beau son de moteur, plusieurs plans sympas, et une scène de course finale qui aurait mérité d'arriver un peu plus tôt, parce qu'on se perd vite en route..