Voilà un petit film sorti de nulle part qui s’avère être une belle petite surprise si l’on omet deux points fondamentaux. D’abord, il est clair que « Nefarious » ne brille pas particulièrement par son aspect visuel. La mise en scène du duo Konzelman-Solomon est, au mieux, basique et illustrative voire, au pire, pauvre. Mais on est dans un huis-clos psychologique et carcéral ou cela a peut-être moins d’importance que dans bien d’autres genres. Le second point est davantage d’ordre moral car le film semble faire lointainement partie de la mouvance de films religieux à la mode aux USA depuis une petite décennie (et qui ne sortent quasiment nulle part ailleurs, hormis le faussement polémique « The Sound of Freedom » sorti l’été passé et qui a battu tous les records). Des œuvres traitées sous le prisme de la religion chrétienne (et américaine) peu importe le genre, du drame familial au feel-good movie en passant par le thriller. Cela a donné des films puants sur le fond, entre message anti-avortement et anti-euthanasie ou prêchi-prêcha frôlant le fanatisme religieux. Ici, même si ce n’est pas une société de production dédiée et que le message est moins insistant, il y a tout de même une morale « pro-life » et fortement axée sur la foi et ses bienfaits ainsi que le combat perpétuel entre le Bien ou le Mal. Ce n’est pas assommant mais tout de même bien présent et cela pourra en rebuter quelques-uns.
Ces petites (ou grandes pour certains) réserves mises de côté on est face à un petit suspense très bien troussé qui est vendu comme un film d’horreur à tort. Certes le surnaturel n’est pas bien loin mais sans scènes gores ou véritablement effrayantes. « Nefarious » joue plutôt dans la cour de l’affrontement psychologique (ici entre un condamné à mort et le psy chargé d’évaluer s’il est sain d’esprit ou fou) à base de d’échanges verbaux où plane de loin l’ombre du fantastique avec le combat entre Dieu et Satan. Le prisonnier étant visiblement possédé, il dévoile deux personnalités : celle de l’entité et celle du possédé. Un switch permanent qui fait un peu penser au travail de James McAvoy sur « Split » avec ce psychopathe aux multiples personnalités. Et pour cela il fallait une prestation de qualité pour éviter de sombrer dans le ridicule. Sean Patrick Flanery assure totalement : de ses mimiques à sa voix et plus simplement son jeu en général, il nous impressionne. En face, l’inconnu Jordan Belfi campe parfaitement un golden boy qui n’est pas au bout de ses surprises.
« Nefarious » fait lointainement penser à « L’Avocat du Diable » mais s’en éloigne par le coté huis-clos et ses longues scènes de dialogue. Celles-ci sont au cœur du long-métrage et sont passionnantes. Le débit de paroles est intense et les sujets évoqués sont multiples mais c’est très bien écrit et on est fasciné par la puissance des discussions entre les deux protagonistes, entre bon sens et analyse d’un monde en décadence. Deux points de vue s’opposent et se complètent dans des joutes véritablement obsédantes. Quand vient le temps de l’exécution, on est rivé par la dureté du passage de la chaise électrique comme au bon souvenir de « La Ligne verte ». Et le scénario a l’intelligence d’être rondement mené nous réservant quelques bons rebondissements bien amenés. Si le film ne fait pas peur, il peut mettre mal à l’aise par instants. Au final, c’est une petite bobine qui ne paye pas de mine et qui se révèle bien plus maline que ce que son synopsis laissait présager. À voir si on n’est pas allergiques aux convictions conservatrices distillées dans la morale.
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