A première vue, et d'après son titre, ce polar peut faire penser à un de ces gros thrillers vitaminés façon Schwarzy, comme L'Effaceur, mais il n'en est rien, ce n'est pas un film de gros bras avec une mécanique à gros boulons, plutôt un de ces polars cérébraux qui étaient courants à la même époque, tels Copycat, les Hommes de l'ombre ou le Collectionneur... qui prennent plaisir à jouer au chat et à la souris avec les nerfs des personnages (et des spectateurs).
Le réalisateur qui donnera plus dans l'action avec Braquage à l'italienne, dispose d'un scénario malin et sait mêler habilement certains éléments du film d'action avec des scènes plus tendues entre personnages, notamment ceux des otages et ceux du duo de personnages incarnés par Samuel Jackson et Kevin Spacey. Leur confrontation à travers de longs dialogues rythmés traduisent parfaitement la rage désespérée de Jackson, et le pouvoir de conviction et le sang-froid de Spacey. Leur complicité dans cette opposition et ces échanges de coups de gueule est très bénéfique pour le film, ils sont en plus très bien secondés par une escouade de second rôles remarquables comme David Morse, John Spencer, J.T. Walsh, Paul Giamatti et Ron Rifkin...
Le réalisateur se sert à fond de la technologie à sa disposition en 1998, mais manque un peu de brio pour décortiquer son scénario à tiroirs, et passe trop vite sur certains détails, c'est ce qui fait que son film au lieu d'être un film de première classe, glisse vers le rang de la série B, mais attention, de la série B très efficace et très agréable à regarder.