Suite au succès de Nekromantik, Jörg Buttgereit s’est taillé une solide réputation dans le milieu underground. Miraculeusement, son film a même échappé aux radars du bureau de classification mais on sait également que les allemands ne sont pas vraiment réputés pour leur laxisme ou leur sens de l’humour, et le comité de censure ne laissera pas le cinéaste s’en tirer une nouvelle fois à si bon compte. Au moment de sa sortie, Nekromantik 2 sera donc interdit, les copies saisies par les autorités, son réalisateur accusé de glorification de la violence et même jeté en prison durant quelques temps. Pas de quoi lui passer l’envie d’en réaliser d’autres puisqu’il réitérera à peine un an plus tard avec Schramm même s’il faudra attendre 1993 pour que cette suite soit lavée de tout soupçon et requalifié de film d’art et essai grâce à l’analyse du journaliste Knut Hickethier. Un titre loin d’être volé tant cette suite adoucit un peu plus le propos et lorgne d’avantage du côté du drame intimisme voir même du biopic névrotique. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une citation de Ted Bundy et s’intéresse à une nécrophile qui assimile probablement la visite d’un cimetière et des catacombes au château de Disneyland Paris. L’histoire s’apparente beaucoup à celle de Karen Greenlee dont on retrouve d’ailleurs l’une des esquisses dans l’appartement de cette femme qui en plus de lui ressembler physiquement va s’adonner à quelques ébats charnelles et long baisers langoureux avec le corps putréfié de Robert, le personnage principal du premier opus qui avait fini par se suicider afin d’épouser la mort et d’atteindre la jouissance ultime. L’infirmière va même aller jusqu’à exposer son corps dans son salon comme une nature morte avant d’entretenir une relation sentimentale avec lui, comme les hommes le font avec leurs poupées gonflable ou leur Playstation.
Bien qu’il fasse un peu moins dans la dépravation et l’accouplement Nekromantik 2 suit le même prolongement thématique et plus encore puisqu’il interroge la notion de fantasme dans le couple aussi obscènes et incompréhensible soit-ils (échangisme, sadomasochisme, etc.). Le regard se portera notamment sur celui d’un doubleur porno qui va vivre une romance avec cette infirmière dépravé qui en premier réflexe tentera de lui cacher ses fantasmes en activant le protocole 0 ce qui revient grossomodo à couper le corps en morceaux (ou bien pour les mec à supprimer leur porno du Disque dur) afin de ne laisser aucune trace, ou presque… Mais chassez le naturel et il revient au galop. Si l’intérêt du splatter underground allemand réside habituellement dans son ses saillies gore et sanguinolentes (Andreas Schnaas, Olaf Ittenbach, Timo Rose) c’est déjà moins le cas ici tant le réalisateur s’intéresse à la relation intimiste entre ces deux amants qui sera mise au défit des obsessions nécrophile de Monika qui ne pourra jamais trouver la jouissance autrement que par la mort et ses relents putrides. Des limites qui seront assez rapidement atteinte pour Mark qui en aura des hauts le coeur. En outre Nekromantik 2 est tourné en 16 mm et bénéficie d’une mise en scène encore plus soignée et il ne fait aucun doute que son réalisateur soit l’élève modèle de cette génération doré, d’autant qu’il parvient réellement à imprégner son style d'une tonalité dépressive et mélancolique, un romantisme macabre accompagnée d’une musique envoûtante et érotique qui culmine dans un concert au piano où l’actrice clame haut et fort son penchant pour la chaire moite et noircit, la putrescence et les relents de caveau. Que les goreux se rassurent néanmoins, la fin vaut bien la peine de l’attente, et là encore, l’orgasme ne pourra être atteint qu’en épousant l’acte de mort lui-même.
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