Pour commencer la carrière de Claude Sautet, je ne sais pas si Nelly et monsieur Arnaud est le meilleur choix possible. Contenant plus d’un aspect biographique envers Claude Sautet, il s’agit également de son dernier film. Pourtant, malgré ces aspects, Nelly et monsieur Arnaud est un film que j’ai apprécié. Il est fort probable qu’après avoir davantage découvert la carrière de Sautet, ce film mérite un revisionnage, mais en l’état des choses, il m’a plu pour sa simplicité, sa constante efficacité et sa sincérité.
Nelly et monsieur Arnaud, comme son titre l’indique, s’articule surtout autour des relations qu’ont les personnages principaux. Et là où Sautet est fort, c’est que rien n’est superflu chez ses personnages. Tout va droit au but. Pourtant, la situation « difficile » du personnage principal (à savoir Nelly) vers le début aurait pu tendre à être un déballage de misérabilisme qui n’en finit pas. Mais à nouveau, tout est direct chez Claude Sautet. Une question concise, à peine achevée, d’un personnage à un autre, appelle une réponse qui l’est tout autant. Nelly et monsieur Arnaud est un film diablement dynamique.
Forcément, le rythme instauré au début du film finit par se calmer à un moment, tout le film ne peut pas tenir comme ça. Est-ce un mal ? Je ne sais pas. Aux 2/3, le film prend plus son temps et ses enjeux changent. C’est un film plus complexe, plus dur. Mais il n’y a pas de sentiment d’ennui qui s’empare du spectateur dans la mesure où Claude Sautet trouve un tempo à la réalisation très juste. C’est très simple, il n’y a pas des masses d’artifices, mais c’est fluide et surtout follement intelligent. Sautet sait manier sa caméra, c’est certain, et outre cette simplicité que plus d’une personne apparenterait à un défaut, il mise clairement sur sa réalisation pour montrer ses personnages forts, faibles, enfermés ou acculés... Être intelligent sans pour autant l’exposer au premier plan, je trouve ça génial, quelque part.
Et puis comment parler de Nelly et monsieur Arnaud sans évoquer ce petit ballet d’acteurs ? Forcément, on a de quoi jouir rien qu’avec Michel Serrault et Emmanuel Beart. L’un étant probablement l’un des acteurs Français les plus charismatiques ayant impressionné la pellicule, et l’autre étant une beauté hors du commun, une beauté du quotidien au regard transperçant. S’adjacent à ces belles personnes des gens qu’on aime et qu’on savoure. On retrouve Michael Lonsdale dans ses « furtives apparitions » (tel le générique le souligne d’ailleurs), cet acteur qui a quelque chose de mystique, que Sautet sait exploiter d’ailleurs. C’est sans compter Jean-Hugues Anglade, Michèle Laroque, Charles Berling qui donnent encore plus de cachet au film.
Nelly et monsieur Arnaud est un beau film. Partant d’un pitch vu finalement 43.000 fois, il s’en extirpe rapidement pour proposer quelque chose de beau. Je dirais bien que la dernière partie du film ainsi que le final m’auront laissé perplexe, quelque peu frustré... mais c’est rattrapé par ce que le film a à offrir ailleurs. J’ai lu que certains afficionados de Claude Sautet étaient déçus que ce dernier finisse sa carrière sur ce film... Alors peut-être mon jugement changera au fur et à mesure de la découverte de ce réalisateur, mais en l’état des choses, j’ai aimé.