Tentative de biopic impressionniste de Larrain. Où le créateur et la créature se confondent, dans une forme traditionnelle de thriller flic et voyou. La proie mène la danse et donne au chasseur sa raison d'être, les rôles se reversent, comme l'artiste court après l'inspiration sans céder à l'illusion qu'il ne tient jamais vraiment la plume.
Au final, un film assez prétentieux qui s'amuse à empétrer le spectateur en permanence pour se donner une tenue intello, voix off/flashbacks/séquences oniriques et jump cut bref, toute la panoplie de l'étudiant ciné en première année. Si fatiguant pour dire si peu qu'on est heureux d'en finir, et tragiquement d'ailleurs, comme l'inspecteur joué par Gael Garcia Bernal, épuisé de courir après une chimère. L'affrontement final aurait pu être un très beau moment de western contemplatif dans les superbes montagnes enneigées de Patagonie, malheureusement à ce point on est tellement désinvestit emotionellement de ces personnages allégoriques qu'il est trop tard pour faire surgir la moindre poésie. Une scène sympa dans un bordel avec des travelos et des flics bien prit pour des cons, sinon.
Decidement les enfants des experimentations de la nouvelle vague ont tendance à oublier que 'le style c'est une démarche', comme le rappelait Jean Cocteau contre certains arnaqueurs du mouvement surréaliste. Il y a aussi une expression américaine encore plus fine qui dit: ' On ne peut pas parfumer une merde avec des paillettes'.