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Comme souvent dans sa carrière, Hayao Miyazaki disait que le film qu'il avait réalisé était le dernier de sa carrière. Ça a commencé avec Princesse Mononoké, pour finir avec Le vent se lève. D'ailleurs, le documentaire démarre avec la conférence de presse de ce dernier film, où Miyazaki déclare d'un ton solennel que cette fois c'est la bonne, il est devenu trop âgé, il arrête.
Sauf que quelque mois plus tard, l'envie de dessiner ne l'a pas quitté, au point qu'il va réaliser un nouveau court-métrage, cette fois en CGI, pour le musée Ghibli. Ce qui est pour lui l'occasion de travailler avec une nouvelle équipe et avec une technologie autre que l'animation traditionnelle.


Durant près de deux ans, le réalisateur Kaku Arakawa va suivre le travail de Miyazaki, et surtout ses états d'âme. Car la mort revient très souvent durant le documentaire, aussi bien des amis, souvent plus jeunes que lui, qu'il perd, que sa propre disparition, en répétant qu'il ne peut pas rester à rien faire et qu'il préfère mourir en dessinant plutôt que de ne rien faire et attendre.
Bien que ce documentaire fut avant tout destiné à la télévision, il fut diffusé au Japon en 2016, et sorti au cinéma en France en 2019, d'où les contraintes techniques, notamment le son parfois inintelligible, c'est une plongée fascinante dans le travail de Miyazaki, qui demeure toujours aussi impénétrable. Il peut être montré comme dur avec ses collaborateurs, exigeant à l'extrême, on voit un homme passionné par le dessin, et surtout qui aime raconter des histoires. Le peu qu'on voit du court-métrage, nommé Boro la chenille, est clairement passionnant, avec des remarques parfois pertinentes sur des détails qu'on ne percevrait pas forcément et qui sont capitales pour le réalisateur, ce qui laisse sa jeune équipe parfois interloquée.


Même si Miyazaki ne touche pas une bille dans les CGI, rien ne vaut pour lui le crayon, mais il comprend que quelque part, le destin est en marche, malheureusement...
D'ailleurs, le documentaire se finit par une réunion quasi-secrète entre Miyazaki et Toshio Suzuki, son producteur du Studio Ghibli, qui se lancent d'un coup sur un nouveau long-métrage, le premier répétant que ça peut être une folie, car il pourrait décéder avant sa sortie. Mais comme il ne peut pas s'arrêter, d'où le titre, en route vers un nouveau film. Qui d'ailleurs était prévu pour 2019, mais vu le travail quasi-artisanal de Miyazaki, qui veut prendre paradoxalement son temps, nul ne sait quand ce nouveau dessin animé sortira, d'où les nombreux années de retard...


Malgré les réticences de Hayao Miyazaki à se laisser filmer, d'ailleurs il ne regarde jamais la caméra, qu'on sent petite pour créer un sentiment d'intimité car elle est parfois simplement posée sur une table, laissant paraitre une discussion avec le réalisateur du documentaire, j'ai été passionné par ce qu'on voit, et qui a été rarement montré. Aussi bien le travail d'un homme septuagénaire dans un travail aussi difficile que de dessiner, et aussi retarder en quelque sorte l'inéluctable en faisant ce qu'il sait faire de mieux ; raconter de belles histoires.

Boubakar
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le 8 août 2022

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