Je ne donnerai plus jamais de bonbons à un enfant

Film sympa.


C'est écrit comme un film informatif mettant en garde sur les méfaits de telle ou telle drogue, c'est-à-dire qu'il y a une forme de premier degré même à de la naïveté qui fait assez bizarre, sauf qu'ici il s'agit d'un récit sur le comportement social face à un problème considéré comme tabou. Et c'est bien foutu mine de rien. Il y a un côté aventure thriller qui fait qu'on ne tombe jamais dans le misérabilisme pur et en même temps, malgré un manque de réalisme (et au contraire une écriture très cinématographique), le film fait réfléchir sur note société. C'est donc un bel exemple qu'il ne faut pas chercher systématiquement à nuancer et que le manichéisme peut porter efficacement un message.


Les personnages sont bien écrits : des stéréotypes bien rodés qui permettent à l'auteur de gagner du temps, d'aller à l'essentiel tout en cultivant intelligemment les traits de caractère de chacun. Les situations sont bien écrites aussi, on ressent du conflit en permanence et les résolutions sont bien pensées et bien amenées, l'auteur alternant positif et négatif. Le propos reste nuancé, nous ne sommes pas purement dans la chasse aux sorcières, il suffit d'écouter les revendications premières des parents, et de ce fait, on comprend, au contraire de ce que l'on voit dans les médias aujourd'hui, qu'il ne faut pas systématiquement croire une victime (ni systématiquement refuser d'y croire).


C'est assez bluffant, parce que ce film pourrait ressortir tel quel aujourd'hui ou presque et parler de notre société actuelle, peut-être pas par rapport à la pédophilie qui reste un problème moins populaire, mais plutôt par rapport aux problèmes de harcèlement qui écueuillent* régulièrement nos journaux. Ce qui surprend aussi, c'est que ce soit produit par la Hammer responsable de tant de films de monstres... quelque part ça se rejoint, mais c'est tout de même surprenant.


Après, on peut reprocher un côté éclectique des scènes : le procès se situe par exemple au milieu du film et casse un peu l'ambiance instaurée jusque là (et récupérée par après). L'on regrette de ne pas voir certains confrontations. Ce sont à chaque fois des choix scénaristiques qui se justifient et qui apportent du sens, mais au détriment de nos attentes en tant que spectateur. L'on aurait voulu que ça aille un peu plus loin par moment.


La mise en scène est réussie : le découpage est très bien pensé, avec en prime une photographie efficace, bien équilibrée et à nouveau pensée pour renforcer le scénario. Le montage est bien rythmé. Les acteurs sont très bons : il y a un côté théâtral qui fonctionne bien avec l'image. La musique est également bien choisie et les décors sont bien exploités.


Bref, du bon spectacle bien divertissant.



  • apparemment ce verbe n'existe pas ? j'étais sûr que oui ! ça vient du mot écueil !

Fatpooper
8
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le 16 nov. 2019

Critique lue 350 fois

3 j'aime

Fatpooper

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