Cauchemar urbain

Voila encore un film que je réévalue et que j'avais noté trop bas. C'est le troisième film important d'Abel Ferrara et on sait d'emblée qu'on avait à faire à un cinéaste très doué de la nouvelle génération, il confirmera avec China Girl, King of New York ou Bad lieutenant tout le bien qu'il laissait entrevoir avec ce thriller coup de poing.
Spécialiste du cauchemar urbain, il signe un film qui allie le style du "psycho-killer" au polar de facture classique dans la lignée du Justicier dans la ville ou du Justicier de minuit, en faisant feu de tout bois : agressions violentes, strip-tease, assassinats en série, auto-défense, justice aveugle, fights musclés... Ferrara n'a pas peur de mordre à tous les rateliers avec la même réussite même si ça peut paraître par endroits assez racoleur. Par ce film, il assied totalement sa réputation de peintre de la violence, cette exploration de la crasse urbaine est brutale et terrifiante, mais Ferrara parvient à sublimer le New York nocturne et inquiétant à la façon d'un clip, en offrant une nouvelle dimension de la terreur.
Le rythme est rapide, l'angoisse est prenante, et on trouve dommage que des belles effeuilleuses se fassent charcuter par un ch'tarbé, Ferrara joue avec les nerfs du spectateur et offre un fight final des plus corsés. Dans son casting, on reconnait Tom Berenger très viril à sa grande époque (il n'a pas encore fait Platoon mais avait fait les Chiens de guerre), Billy Dee Williams en période post-Retour du Jedi, et une Melanie Griffith ultra sexy, ainsi que la jeune Ola Ray qu'on a vue dans le clip Thriller de Michael Jackson.
Un polar dur et bondissant d'un réalisateur sans concessions.