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août 2011:

Que voilà 4 oscars achement bien mérités (meilleur film, meilleur scénario, meilleur acteur, meilleure actrice). A tout cela je dis oui, oui, oui et oui! Un grand film, une grande comédie, une grande romance, deux grands foutre de bons acteurs!

Le cinéma offre parfois des moments d'une grâce inégalable. Et Frank Capra est de ces artistes qui excellent à nous en pondre sacrément souvent. Certaines scènes sont d'une beauté qui font chanceler. Une esthétique trouble où les personnages semblent dessiner des auréoles, des petites bulles de vie.

Capra est un géant quand il insère ici ou là dans son récit des personnages secondaires qui rehaussent ou orientent les principaux. Ces américains moyens, qui ne se laissent pourtant pas apprivoiser, tant ils peuvent être de fieffés salops sous leurs airs débonnaires ou d'adorables cœurs purs sous leurs airs déboussolés. Rien n'est moins sûr chez Capra que l'identité du quidam.

Des personnages chausse-trappes ne sont pas les seuls coups de pieds au cul du spectateur. Capra invente pour son récit une mise en scène ingénieusement provocatrice. Ici ou là, la montée de la tension érotique (jusqu'à l'écroulement des "murs de Jéricho") est d'une brillante ingéniosité et instaure une émotion amoureuse que les deux acteurs rendent palpable avec un jeu d'une rutilante modernité. La virilité de Clark Gable accouplée à la virginale ingénuité de Claude Colbert façonnent une idylle colorée, très évoluée, contemporaine et à l'agitation que beaucoup de comédies romantiques récentes ont à l'évidence tenté de recopier.

Quelques plans furtifs de la féminité qu'une Claudette laisse échapper dans la pénombre d'une chambre, très intime, ou bien sur une route très lumineuse et provocante. Clins d'œil, force riante, émoi du cœur et des sens, Capra surprend, épate, déconcerte par tant d'audace et de percussion.

La virilité moustachue de Clarck Gable joue également d'une intelligence pratique, toute américaine, "pragmatique" serait plus approprié, en tout cas jamais vraiment décontenancée par les évènements contraires. Sa force d'adaptation se mesure à celle de Bugs Bunny qu'il va inspirer. Quoi de neuf doc?

Une comédie romantique foudroyante. Un uppercut par le jeu énergique des comédiens, par la facétie des personnages et du monde de Capra, par le rythme effréné que la mise en scène et le récit font subir au cœur du spectacteur ravi. Chef d'œuvre.
Alligator
9
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le 19 avr. 2013

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Alligator

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