Newness est à situer entre Blue Valentine et Love, capte au premier ses errances urbaines et au second ses fantômes d’un passé qui ne passe pas, harcèle sans cesse nos protagonistes empêchant tout deuil et donc toute renaissance. Pendant plus de deux heures l’amour va se réajuster entre passé douloureux et futur incertain au gré des rencontres, des promesses et de leurs ruptures ; les cœurs louvoient dans ce vaste océan terrestre que certains choisissent, par facilité, de marchander, de truquer en somme, que d’autres osent affronter à tâtons, faisant de l’erreur et de la compréhension du partenaire les clefs d’un bonheur construit ensemble. Être conscient de l’artifice qu’incarnent les nouvelles technologies et la vitrine erronée qu’elle oppose au désir pour mieux s’en extirper, rendre le point G d’une chaîne d’amants pour accepter la déception, pour embrasser l’existence dans sa complexité fondamentale. Deux acteurs centraux exceptionnels, bouleversants et complices portent à merveille un film difficile d’accès car lent et doté de quelques longueurs qui font sens néanmoins ; une mise en scène froide aux images désaturées incarne l’univers urbain et l’inhumanité des technologies qui, en donnant l’apparence de rapprocher les êtres, les enferme dans une quête d’absolue jouissance au terme de laquelle ne demeure que la solitude malheureuse. Une très belle œuvre, intelligente et forte, lucidité juste et assez rare quant aux évolutions et révolutions de l’amour contemporain.