C'est cruel d'aimer lorsqu'on est pas prêts. On se connecte, un peu au hasard, ou plutôt, un peu par destin, sur un réseau social, sur la toile. On parle un peu, ça matche, on décide précipitamment de se voir. Parfois, on met du temps, mais le principe reste le même. On se voit, et on passe du temps ensemble. On aime la présence de l'autre. Enfin de l'air. Enfin le rire.
La passion arrive super vite, on essaye de voir la personne tout le temps, ou le plus souvent qu'on le peut. On s'emballe. On aime, on se désire, on se donne corps et âme à cette cause, à ce nouvel amour.
Mais on est pas prêts. Absolument pas. Et les non dits s'installent. Des crises commencent, on n'arrive pas à communiquer. Mais on veut tenir bon, on tient bon. On décide alors de prendre un peu de recul, mais de rester ouverts. Même si on est pas à l'aise avec tout ça, même si on le fait par amour. On essaye de regarder ailleurs, sans arriver à y parvenir. On passe à une autre étape, mais n'arrivant jamais à abandonner cet être qui nous a donné de la magie à vivre.
Alors, on se tape sur le cœur, on se fait mal, on se crie dessus, on se blesse, beaucoup de drame. C'est puissant deux amoureux qui ne sont pas prêts à s'aimer. C'est puissant leur cri d'amour ou de colère. Leur va et vient, leurs hésitations, en somme, c'est ça, l'amour, il faut du courage, pour aimer, du courage, pour patienter, du courage pour supporter.
Du courage pour vouloir avancer. Alors, on se réfugie dans le passé, on est traumatisés, on se complaît avec des êtres qui ne sont pas du tout en adéquation avec nos pensées, on se fait du mal à passer du temps ailleurs, mais au final, on veut juste s'aimer librement, sans contraintes, sans jamais plus avoir peur.
Mais avoir peur, c'est le propre de l'amour humain, c'est super beau, mais c'est super fragile. C'est beaucoup de briques posées, qui parfois s'effondrent, de mots lâchés dans l'air, qu'on ne peut plus rattraper, ce sont des larmes qui se versent, de bonheur et de colère, c'est tellement plein de choses, c'est surtout et avant tout l'instabilité.
Comme chaque battement de cœur qui se contracte et se relâche, l'amour c'est comme le cœur, ça se contracte, et ça se relâche. Ça se condense, et ça devient léger. Condense, et ensuite léger. Et ça, à l'infini, jusqu'au bout de la vie, ou de la relation.
Et gare à celui qui voit l'amour comme une transaction. Il n'a rien compris à l'amour. Mais celui qui croit que l'amour est toujours excitant, risque de ne jamais vraiment le ressentir un jour.
L'amour, c'est parfois ennuyeux, mais c'est souvent heureux. C'est passionnant au départ, mais après ça se tasse, après on se demande qu'est ce qu'on fait là, on essaye de sonder son cœur, et de voir si on aime toujours la personne. Mais on l'aime encore, et on veut encore se battre. Pour elle. Pour nous.
C'est cruel de voir à quel point on peut être paumés. Piégés dans les traumatismes du passé, on pense qu'on peut toujours s'en sortir, toujours aller de l'avant, sans jamais rien résoudre. Sans jamais regarder la chose en face, ni même avoir à en parler.
Il faut se colmater soi, pour espérer prendre un nouveau départ, et pleinement aimer.