Je ne sais pas si le mixage est pourri ou si c'est une intention, mais on entend plus les rames de métros arriver et partir, grinçantes d'un bruit toujours plus strident ou lourd, que la voix narratrice plus qu'apaisante mais aussi déprimante de Chantal Akerman. Elle lit par biaises une correspondance épistolière avec sa mère. J'aurais tellement aimé l'entendre plus distinctement. Mais en même temps j'aime bien être énervée en regardant un film. Le subir, tout autant que Duras ou Guy Gilles.
New-York / Belgique
Chantal / Maman de Chantal (quel est son nom ? pas très important)
Un peu moins de 6 000 km les séparent.
La plus jeune semble se sentir mieux lorsqu'elle est loin. Mais l'autre ressent un profond manque. Elle parle au nom de la famille mais c'est elle qui souffre le plus. Les lettres contiennent une lourde quantité d'émotions, d'inquiétudes, de doutes sur la situation de sa fille. Mais le ton de la voix off écrase toute ces sentiments par une voix monotone de jeune fille qui semble avoir devant son coeur un énorme mur protecteur.
C'est le troisième film de la réalisatrice belge que je vois, mais je me sens attirée par son omniprésente depression qui transperce chaque plan de son oeuvre.
Ce serait plus sain de m'arrêter à News From Home mais je ne peux pas, j'ai besoin d'en voir plus. De continuer à subir un plan fixe, muet de parasites vocaux, mais dominés par la richesse d'un cadre et la puissance d'une actrice (majoritairement et heureusement) qui épluche des patates ou mange du sucre en poudre à même le sachet, armée d'une cuillère à soupe.