Une section de l’armée française, menée par le capitaine Antarès et chargée de surveiller une vallée désertique proche de la frontière pakistanaise, se voit peu à peu décimée par des disparitions mystérieuses et inexpliquées : les bergers du village voisin ? Les talibans de la région, dont certains de leurs membres ont eux aussi disparu ? Allah ?


Le premier mérite qu’il faut reconnaitre à ce film, c’est de mettre en lumière le conflit afghan et le rôle de l’armée française dans cette guerre– d’un point de vue micro, les considérations géopolitiques restant volontairement floues- à une époque où justement la guerre est devenue taboue. Confiée à des professionnels, menée sur des opérations extérieures lointaines, la guerre a été refoulée de la conscience collective par notre société qui refuse d’en voir la réalité et ses conséquences, comme les morts qu’elle provoque encore. On ne peut qu’être frappé ici de découvrir le quotidien des soldats français dont on ignorait tout.
Le film ne se résume heureusement pas à un docu-fiction sur notre armée ; très vite, la disparition de deux soldats lors d’une veille nocturne, puis d’un troisième tout aussi soudainement, va faire basculer le récit dans une atmosphère fantasmagorique. Devant les invraisemblables pertes de soldats, l’intrigue policière (devrait-on dire militaire ?) pour les retrouver se transforme peu à peu, suite à l’échec des recherches et l’absence de tout indice valable, en quête ésotérique pour comprendre ce qui se passe dans cette vallée. Les « disparitions » de soldats deviennent des « phénomènes » inexpliquées. C’est bien là le sujet du film : le désarroi d’un capitaine de section (Jérémie Renier, très juste dans son rôle), formé à faire la guerre, face à des événements qui dépassent son entendement. Ainsi, les raisons avancées par les militaires, à coup de théories plus ou moins crédibles, se trouvent chaque fois invalidées ; ce sont alors les rumeurs des villageois et les croyances des talibans qui se font de plus en plus audibles, et se traduisent pour certains soldats par un retour vers Dieu et aux paroles de l’Evangile. *Le besoin humain de trouver un sens dans un monde qui n’en a plus*, c’est finalement ce que montre le film, qu’il illustre par ces militaires isolés en plein désert, coupés de toute communication.
Ne quittant jamais la vallée au sein de laquelle la section a installé son poste d’observation – curieux abri de fortune perdu au milieu d’une mer de cailloux- mis à part quelques incartades dans le village afghan ou au sein du campement militaire, le film a fait le choix d’une mise en scène sèche et sans éclat. La seule inventivité – contestable- est le recours à la vision nocturne, au risque de faire tomber le film dans l’horreur cheap façon *Paranormal Activity*. On sait gré au réalisateur de ne pas en avoir abusé, limitant le procédé à quelques prises rapides servant davantage à montrer au spectateur la vision des soldats qu’à leur offrir des émotions gratuites.
Enfin, on peut regretter le peu d’attention porté aux soldats, à l’exception peut-être du capitaine. Si l’on accompagne pendant 1h40 ces quelques hommes sans pouvoir s’y attacher ni même les distinguer vraiment, c’est aussi que le film a choisi d’avancer par l’action plutôt que par ses personnages. Revenant sur ce que nous disions au départ, *Ni le ciel ni la terre* n’est pas tant un film sur l’armée française que sur les mystérieux événements qui se produisent au sein de cette vallée afghane.
mdavid
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le 27 sept. 2016

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mdavid

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