En voilà un curieux film. Lightning over water est un film à mi-chemin entre documentaire et fiction nous racontant le processus de création d'un film réalisé par Wim Wenders et son ami et célèbre cinéaste Nicholas Ray condamné par un cancer dont il décédera quelques semaines après le début du "tournage".
Le film s'apparente au documentaire dans sa volonté d'exposer le réel. Les personnages à l'écran incarnent leurs propres rôles: réalisateur, scénariste, technicien... Mais d'un côté une bonne partie du métrage est vraiment mis en scène sans que cela soit caché, bien au contraire. J'ai en tête ce passage où Ray demande à Wenders si ce qu'il disait ne semblait pas trop joué. Au fond, plus qu'un simple film sur la fin de vie de Nicholas Ray, Lightning over water s'interroge sur la frontière entre le documentaire et la fiction, entre le mythe et la réalité. On retrouve ainsi des éléments qui seront repris plus tard par Kiarostami pour son film Close-up bien que celui-ci abordait en profondeur la question de la société et de la justice.
On assiste alors ici au portrait d'un homme qui sait qu'il va mourir. Et comme le dit Wenders, à travers la caméra on le sent. Le cinéaste allemand sentait l'espoir quand il voyait Ray à l'oeil nu mais à travers la caméra c'était différent. Et on la sent cette dégradation tout au long du film. Mais ce n'est absolument pas misérabiliste pour autant. Wenders n'a pas peur de filmer la maladie, de parler des doutes qui l'assaillent concernant le bien fondé de faire travailler Ray pour un ultime film. Entre images authentiques et images mises totalement en scène, le film est troublant. D'un côté j'ai aimé le concept, de l'autre ça ne m'a pas non plus chamboulé plus que ça. Disons qu'il y a des idées mais qui ont du mal à tenir sur 1h30 à mon sens. N'en reste pas moins un film testamentaire intéressant qui ne pleurniche jamais, en témoigne la séquence finale, et une oeuvre plutôt audacieuse dans son traitement. Ça ne m'a pas chamboulé plus que ça mais ça reste à voir, ne serait-ce que parce qu'au fond on assiste là à une belle histoire d'amitié, belle, poignante et sincère.