C'est avec ce polar dynamité que Steven Seagal faisait une irruption fracassante parmi les gros bras d'Hollywood en surgissant sans crier gare dans la cour de Stallone, Schwarzy, Van Damme et Chuck Norris. Je m'en souviens encore, j'avais vu ce film au début de mon abonnement sur Canal+ et ça m'avait d'emblée bien plu, malgré un scénario plutôt conventionnel et classique.
Le flic joué par Seagal était celui d'un homme intègre découvrant que la CIA et le FBI agissaient au-dessus des lois (comme l'indique le titre original) en utilisant des gangsters pour conduire des actions extérieures au Nicaragua et ailleurs ; menacé et trahi par ceux qui auraient dû l'aider, Nico Toscani, notre bon Seagal donc, constatait à la fois le trafic de drogue et le trafic d'armes intimement liés. Coproducteur et co-auteur du sujet, l'acteur se taillait un rôle sur mesure en faisant découvrir sa technique de brisure des os avec une efficacité redoutable, ça positionnait de suite son personnage qui se démarquait des autres stars du film d'action habituées au bon vieux coup de poing des familles.
En plus, le découvrir dans son premier film avec cette silhouette toute mince et ce regard d'acier, donnait une image très positive, surtout lorsqu'on voit comment il est devenu en quelques années, gras et empêtré dans des séries Z calamiteuses. L'impact sera tel qu'après Nico, il allait enchainer avec 3 films aussi musclés (Echec et mort, Désigné pour mourir et Justice sauvage) en asseyant définitivement ce personnage de dur à cuire impitoyable, avant le gros carton de Piège en haute mer où il retrouvera son réalisateur Andrew Davis qui venait de servir la soupe à Chuck Norris avec Sale temps pour un flic, ce qui lui donnera une belle réputation dans le registre du film d'action.
Mais Nico n'a pas la vocation d'être une réflexion sur les multiples excès de la raison d'Etat et la subversion politique, il s'agit avant tout d'un polar de série B, musclé, très efficace et d'un but divertissant qui par la même occasion doit servir de véhicule à son acteur principal. On a donc droit à de nombreuses péripéties, à une valorisation du héros et à des séquences fortes à la violence brute, où il est amusant de découvrir Sharon Stone toute jeunette dans le rôle de l'épouse de Seagal, un rôle assez épisodique mais qu'on remarque, de même qu'on y retrouvait Pam Grier bien avant d'être sublimée par Tarantino dans Jackie Brown, et surtout Henry Silva dont le physique lui a valu une flopée de rôles de truands aussi bien à Hollywood qu'en Italie, il incarne ici Zagon, un méchant d'une cruauté peu habituelle à l'époque. Mais tout l'intérêt de ce film tient au rôle d'ange exterminateur tenu par Seagal, le film plantait les jalons qui serviront ensuite à peaufiner ce personnage impassible.
Un bon polar, brutal et typique des années 80, souvent moqué et vilipendé (même si j'ai un bon éclaireur qui n'a pas peur de le noter 10), ce que je trouve très injuste parce que ça reste un des films les plus percutants de Seagal et surtout très au-dessus des daubes qu'il fait de nos jours.