Connaîtra t-on un jour la vérité sur la fusillade dans un supermarché d'Alost, en Belgique, qui le 9 novembre 1985 coûta la vie à 8 personnes ? Un attentat attribué aux célèbres "tueurs du Brabant" sans que l'enquête ne débouche depuis ce jour funeste sur un quelconque procès. Cette histoire, c'est à travers le prisme de l'existence d'un des blessés de l'assaut, David Van de Steen, 9 ans à l'époque, que Ne tirez pas, le film de Stijn Coninx, le raconte. Avec un scénario basé sur le livre écrit par David qui vit mourir sous ses yeux son père et sa soeur avant que sa mère ne soit elle aussi achevée par ces tueurs sans visage. Ne tirez pas est le film de la douleur et de la colère de ce jeune garçon qui a grandi et a fait sa vie avec ce souvenir, aidé notamment par un grand-père extraordinaire qui se démena des années durant pour que justice soit faite. Sa magnifique relation avec son petit-fils, son soutien permanent et sa volonté de ne jamais abandonner sont au coeur de ce film d'une force incroyable dans les sentiments, tout en en restant à chaque instant d'une pudeur et d'une retenue extrêmes. C'est évidemment un film politique dans le sens où il dénonce une volonté claire des plus hautes autorités belges de systématiquement entraver la recherche d'élucidation de cette affaire. En s'arrangeant pour que tout ne soit qu'un chaos organisé destiné à ce que les enquêtes n'aboutissent jamais. Le film de Stijn Coninx, par sa puissance narrative, son impact émotionnel et sa facture, classique mais fluide, rappelle les plus grandes réussites du cinéma d'un Francesco Rosi ou d'un Elio Petri. Il bénéficie en outre d'une interprétation époustouflante du très grand acteur flamand Jan Decleir. Le propos du film va bien au-delà des frontières de la Belgique car il évoque, entre autres aspects, le sort des victimes d'actes de violence massive et le courage qu'il leur faut pour surmonter une telle épreuve. La sortie du film en France, pour l'heure pas encore prévue, est une nécessité absolue.